On étudiera donc comment Zola met ici en oeuvre les règles de l'incipit romanesque. La nécessité de procurer des indications au lecteur est aussi une exigence caractéristique du roman naturaliste qui veut que le narrateur s'efface et donne l'impression que les faits sont livrés en toute objectivité (...)
[...] Son mobilier est une commode, rois chaise, une table, un lit de fer, une malle. Le champ lexical du manque et du laisser aller apparaissent dans ce texte : " table où le pot à eau ébréché traînait " un tiroir manquait " un chapeau d'homme enfuit sous des chaussettes sales Le laisser aller de Gervaise est présent : elle est en chemise et en savates. Toute cette description s'accompagne du champ lexical de la misère (lambeau, flèche attachée au plafond par une ficelle, châle troué, les dernières nippes) L'univers de Gervaise est comparable à celui que Zola a connu (il a vécu dans un hôtel misérable), Zola est donc ici quelque peu metteur en scène : il plante un décor pour montrer comment vivaient les ouvriers. [...]
[...] Enfin, cet incipit naturaliste annonce d'emblée une belle place aux éléments symboliques. I. L'incipit romanesque Le roman commence par "Gervaise", prénom de l'héroïne, pour attirer l'attention du lecteur sur le personnage principal. Zola ne l'appelle que par son prénom pour paraître au lecteur plus familière. Sur la même ligne, on a " Lantier " : le nom est énoncé très vite, ce qui le rend plus familier également. D'emblée, l'héroïne et Lantier nous paraissent comme les personnages importants de l'action, le lecteur entre dans un univers réel, déjà constitué, " in medias res Il apparaît une absence de description physique des personnages. [...]
[...] Gervaise regarde l'intérieur de la chambre (focalisation interne), apparaissant sous une vision panoramique, il y a une délégation de point de vue de la part de Zola. A la fenêtre, elle est en surplomb, d'où une situation dominante. Le narrateur s'efface pour faire croire le lecteur, pour faire plus réel. L'écrivain naturaliste veut ancrer le récit dans le réel. D'où l'emploi de modalisteur : " elle croyait l'avoir vu Gervaise se sent abandonnée, elle est frissonnante et éclate en sanglots. Elle est seule et ne connaît personne car elle vient d'arriver à Paris. [...]
[...] Ils vivent dans un logement à la ville, qui n'est pas proprement le sien. Zola effectue un gros plan sur les enfants (scène touchante). Tous ces éléments créent une tonalité pathétique et sont une amorce du schéma narratif, car Gervaise doit faire face à l'abandon de Lantier (situation initiale du roman). Le détail " brunisseuse " (ouvrière qui polit le métal) montre que c'est un quartier populaire de Paris. Gervaise appartient donc au milieu ouvrier. Le boulevard extérieur est un quartier dangereux de Paris (boulevard de la Chapelle, de Rochechoir). [...]
[...] Néanmoins, il met son talent au service. Une œuvre d'art est un point de création vue à travers un tempérament La seule couleur est le rose tendre, clin d'œil ironique de Zola semblant optimiste, mais montrant le thème de l'endettement progressif. CONCLUSION Cet incipit propose la confrontation d'un personnage et d'un espace et contient déjà les images et les thèmes principaux du roman. La qualité de récit va se faire sur les effets d'échos et de rappels. C'est ainsi que dans le Ch elle va se prostituer, et se retrouver devant l'hôtel Boncoeur (la boucle est bouclée). [...]
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