Le romancier naturaliste, pour étudier l'homme aux prises avec son milieu, « une maison de verre laissant voir les idées à l'intérieur », se montre soucieux de tisser, sur la trame narrative, la peinture d'un cadre fidèle au réel. Ainsi, narration et description se mêlent étroitement et l'on retrouve ce jeu des différents plans dans la mise en place des nombreux personnages (...)
[...] Ainsi, la condition de ces pouilleux est d'autant plus indigne que ce sont des êtres humains capables de compassion malgré leur souffrance. L'auteur dénonce ensuite l'indifférence de la société en évoquant l'insalubrité, ou en tout cas les mauvaises conditions de l'habitation des misérables : - elle ne possède aucune ouverture, aucun horizon, car c'est un coin de la maison à l'image du trou sous le petit escalier - les murs en sont à l'image des ventres . creux - on n'y respire pas, on y vit replié sur soi-même, repli destructeur que suggèrent les tournures réfléchies : des familles qui se mangeaient et se nourrissant uniquement de lui-même La vie semble y être inéluctable, sans perspective d'échappement. [...]
[...] Le roman se veut la voix du romancier engagé, et si le lecteur n'était pas incité à s'interroger sur le réel, au moins il ne peut pas rester insensible au malheur d'autrui. [...]
[...] En 1877, dans L'Assommoir, c'est la misère des faubourgs qu'il dénonce. Le texte étudié est un tableau de la misère qui a recours au registre pathétique pour émouvoir le lecteur afin de l'amener à réagir Le tableau de la misère Zola expose la misère en utilisant tous les recours de l'écriture : évocation du cadre et des personnages, esquisse floue des silhouettes ou émergence du père Bru et surtout de Gervaise, de manière à susciter l'émotion et une sorte de révolte chez le lecteur. [...]
[...] Émile Zola, L'Assommoir Au milieu de cette existence enragée par la misère, Gervaise souffrait encore des faims qu'elle entendait râler autour d'elle. Ce coin de la maison était le coin des pouilleux, où trois ou quatre ménages semblaient s'être donné le mot pour ne pas avoir du pain tous les jours. Les portes avaient beau s'ouvrir, elles ne lâchaient guère souvent des odeurs de cuisine. Le long du corridor, il y avait un silence de crevaison, et les murs sonnaient creux, comme des ventres vides. [...]
[...] L'imparfait suspend le temps, interdisant de la sorte la mort qui pourtant ferait oublier la souffrance. La dualité des points de vue permet de doubler les images de la souffrance, pour mieux enfermer le lecteur dans la dénonciation de la misère de Zola. Ainsi, le registre pathétique, le lexique, les métaphores judicieuses, tout vise à toucher la sensibilité du lecteur, à l'émouvoir pour remettre en cause, ou au moins s'interroger, sur un système socio-économique qui utilise les hommes et parfois les détruit, restant insensible à la misère. [...]
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