Le naturalisme naît et se développe dans la seconde moitié du XIXe siècle. Les frères Goncourt ou encore Huysmans sont parmi les plus illustres représentants du mouvement. Cependant, Emile Zola en reste le maître. Effectivement, il en est dans un premier temps le théoricien grâce à ses définitions des principes dans des articles, réunis par la suite en recueils, ou dans les préfaces de quelques-unes de ses œuvres telles que "L'Assommoir" publié en 1877.
L'auteur est le metteur en scène caché du drame. Jamais il ne se montre au bout d'une phrase. On ne l'entend ni rire ni pleurer avec ses personnages, pas plus qu'il ne se permet de juger leurs actes. ». Selon Zola, le romancier se fait donc oublier par les lecteurs, car il se cache derrière le récit : l'auteur s'efface.
Toutefois, on peut se demander si cette théorie naturaliste est appuyée par la pratique. Zola le romancier respecte-t-il le concept de son effacement total au sein de ses romans ?
[...] De ce fait, la défaite contre la Prusse ne vint pour Zola que confirmer ses soupçons en révélant la nature faible de l'Empire basée sur le mal. C'est pourquoi on trouve derrière le discours en apparence physiologique de Zola, un discours politique, vu que les différents thèmes abordés dans L'Assommoir et le contexte politique du Second Empire sont de ce fait étroitement liés. Ainsi, le drame romanesque est calqué sur le drame historique, dans la mesure où le naufrage de l'Empire emporte avec lui une société déjà fragilisée par les maux originels de l'humanité, tels que la mort ou la douleur physique et mentale qui ont poussé l'homme face à sa condition spatio-temporelle d'humain et à son existence rationnelle. [...]
[...] Ainsi, Zola montre une vision du monde ouvrier limitée à la goinfrerie. Il rend ainsi aux lecteurs de L'Assommoir une image négative en jugeant le milieu ouvrier comme un univers où l'on se livre à une déchéance morale et physique. Il pose alors un jugement contraire à ses valeurs d'effacement du romancier. Finalement, il est difficile de douter de la sincérité des descriptions de Zola, étant donné qu'il a effectué des documentations, des recherches et des visites des lieux qu'il cite parfois. [...]
[...] En effet, Zola y associe des thèmes spécifiques et particuliers en dépit d'une description qui ne rend pas compte de tous les aspects de la réalité de cet univers. Celui-ci est alors réduit à quelques images choisies par Zola qui intervient par là même au cœur de la description, à savoir : l'alcoolisme, le monde ouvrier réduisant l'homme en animal et la goinfrerie Zola s'est de toute évidence attaché avec acharnement à peindre les ravages de l'alcoolisme à son époque. On sait que le romancier s'est sérieusement documenté sur le sujet. [...]
[...] Effectivement, il en est dans un premier temps le théoricien grâce à ses définitions des principes dans des articles, réunis par la suite en recueils, ou dans les préfaces de quelques-unes de ses œuvres telles que L'Assommoir publié en 1877. Il est dans un second temps le plus fécond des romanciers du naturalisme. L'esthétique naturaliste, qui a été fortement marquée par le développement des sciences, consiste principalement à vouloir dire toute la vérité. D'autre part, une de ses principales caractéristiques consiste en l'effacement de l'auteur. [...]
[...] Mais, si Zola fait défaut par là même au principe de l'effacement de l'auteur, il ne s'arrête pas là. En effet, le romancier de L'Assommoir laisse de traces de son évidente présence en tentant de dénoncer de façon détournée ce qu'il considérait comme des problèmes de société auxquels il fallait remédier au plus vite. En effet, on retrouve Zola là où on ne pensait pas le trouver après une première observation. En effet, dans le roman de Zola tout est plus ou moins chargé de significations dans la mesure où du titre aux thèmes abordés, en passant par les descriptions tout n'y est symbole et l'expression de Zola est ainsi détournée incognito. [...]
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