Commentaire littéraire du chapitre VII du roman d'Emile Zola L'Assommoir.
[...] Le caractérisant réapparaît dans la phrase : les dames étaient grasses La description n'est pas seulement réaliste mais révèle par ces figures de l'excès une vision singulière d'une société monstrueuse plutôt pauvre qui subit les effets de la richesse symbolisée par l'oie blanche, antithèse que nous allons étudier. Le regard du narrateur oppose la pauvreté à la richesse, l'élégance à la vulgarité. De nombreuses antithèses caractérisent ce texte. La mise en scène du repas autour de l'oie oppose la pauvreté à travers des façons de parler (des parlures) ou des gestes, des comportements connotés, dont joue le regard du narrateur qui compose un tableau social. [...]
[...] On note un déterminisme des comportements à la fois sociaux et psychologiques. Cette oie désossée métaphorise le corps sociale éclaté du peuple, un corps en éclats que suggère chaque partie de l'oie : aile/carcasse/os/cou/peau/haut de cuisse/croupion. Ainsi la décomposition de l'oie est prémonitoire de la décomposition, de la déchéance de cette société scrutée de manière très ironique par le regard omniscient du romancier. Le festin donné autour de l'oie pure et blanche devient une galerie de portraits savamment brossés par le regard presque filmique du narrateur qui dévisage le comportement de ses personnages en donnant l'impression de les laisser libres de leurs gestes et de leurs propos. [...]
[...] Zola, "L'Assommoir", Chapitre VII, Un fameux coup de fourchette Soucieux de peindre la réalité d'un milieu social singulier, Zola dans l'Assommoir, roman publié en 1877, met en application ses théories naturalistes de l'hérédité et du déterminisme. Dans cette scène du chapitre VII, Gervaise, à l'occasion de son anniversaire donne un repas autour d'une oie qui réunit le petit milieu du quartier de la Goutte d'Or. Le regard du narrateur transforme cette ventrée en une galerie de portraits, de comportements typés et excessifs voire caricaturaux qui métaphorisent une réalité cruelle, celle du passage de la misère à l'excès. [...]
[...] Les humains s'animalisent autour de la figure symbolique de l'oie Le tableau social qui s'esquisse à travers la description de gestes précis et la mise en scène de dialogues typés se transforme en vision ; les convives s'animalisent. Le texte travaille alors les figures de l'inversion. C'est tout d'abord la comparaison de Gervaise à une chatte dans gloutonne comme une chatte l7. Le choix du comparant est connoté : les sèmes de la féminité réapparaissent à travers l'oie blanche qui est dévorée. La figure du chiasme suggère cette équivalence entre l'oie et les femmes : Toutes les dames avait voulu de la carcasse ; la carcasse c'est le morceau des dames »l17-18. [...]
[...] Ni les paroles ni les attitudes ne distinguent par ailleurs véritablement les convives tous occupés à la même activité. Aussi les différentes psychologies se marquent-elles dans la façon dont les morceaux de l'oie sont dévorés. Le choix du morceau signale le caractère. Les parties de l'oie sont comme autant de métaphores des personnages : le blanc suggère la gourmandise de Gervaise, le rôti la jalousie des Lorilleux, la carcasse et les os le bavardage des commères, la peau rissolée l'érotisme de Virginie. [...]
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