Nous notons 12 tercets hétérométriques. Rimbaud joue entre les octosyllabes, rythme type de la chanson de geste et le tétrasyllabe à la fin de chaque strophe. Cette forme s'apparente à la structure des ballades et chansons du Moyen Age remis à la mode par Hugo. Le vers court rime avec le celui du tercet suivant deux à deux créant ainsi une sorte de refrain sonore et liant les différentes parties entre elles.
Sur le plan de la rime, le poème s'organise comme un sizain ce qui souligne une sorte de tension interne. La longueur réduite du tétrasyllabe est proche des rythmes des chansons d'autant plus qu'elle se finit par une rime masculine à chaque fois, ce qui accentue cet effet de rapidité. Le tétrasyllabe se place aussi souvent en position de rejet.
Le rythme parfois syncopé qui émane de ces vers à 4 syllabes (v.3 et 27) puisque nous sommes obligés d'enjamber sur la strophe suivante pour connaître la fin crée un effet d'attente, propice à la situation décrite : le ravissement et l'attente d'une bouchée de pain.
La structure du poème présente donc une proximité avec la chanson par le jeu des rimes et des effets d'attente et par le sujet décrit.
(...) Nous observons que la structure repose sur une longueur inégale. En effet, Les tercets 2-3-4-5-6 sont autonomes syntaxiquement alors que les 7 suivants correspondent à une seule et même phrase : il y a une subordonnée de temps (v.19), et la principale se situe au vers 25 alors que la subordonnée de conséquence se trouve au vers 27 : "Qu'ils sont là". Par ce choix syntaxique, Rimbaud diffère une péripétie attendue : celle de l'éclatement de leur culotte à défaut de l'obtention du pain puisque la structure des phrases met en valeur la fable.
(...) Comme dans d'autres poèmes du même recueil (A la musique), Rimbaud couche par écrit un tableau. Il nous propose ainsi une image double (...)
[...] Commentaire des Effarés Arthur Rimbaud in Poésies INTRODUCTION L'enfant des rues est un topos depuis Gavroche. Le tercet à vers hétérométrique reprend ainsi un motif attendu dans un tableau en clair- obscur. L'intensité du désir enfantin fait appel à tous les sens. Si la description peut créer des élans de compassion, la raillerie n'est jamais bien loin et la critique implicite contre l'ordre religieux et social point. Rimbaud envoie ce poème à Jean Sicard en 1871 et fait preuve d'un équilibre entre la sensibilité sociale telle qu'on la retrouve dans les poésies de Hugo et de Coppée et le registre satirique. [...]
[...] Le symbole chrétien du pain est alors réduit à néant dans son efficacité de consolation du pauvre et d'espoir d'un monde meilleur puisque celui-ci leur reste clos. Si la cave représente l'idéal comme dans l'univers de Platon avec la caverne, elle reste fermée aux enfants puisque la vraie vie se situe dehors. CONCLUSION Le topos de la peinture d'enfants sous la plume de Rimbaud n'est pas seulement le désir de faire éprouver de la compassion au lecteur. Le poète se prémunit contre l'hypocrisie des bons sentiments par l'accusation implicite contre un monde d'adultes sourd aux désirs des enfants. [...]
[...] Rimbaud joue donc d'une attente entre le désir exprimé de façon rapide dans le poème et le long désir qui se met en place mais qui ne sera jamais atteint, semblant ainsi condamner l'indifférence du boulanger. II. UN TABLEAU DU GENRE Rimbaud reprend ainsi une scène de la vie quotidienne du peuple comme il avait pu le lire dans Les Misérables. Il s'agit de peindre la vie quotidienne du peuple, sujet mis en valeur dans la littérature du XXème siècle. Le poète utilise la gamme chromatique pour évoquer ce tableau de genre Tout d'abord, Rimbaud use du clair-obscur comme nous pouvons le retrouver dans des tableaux de Murillo mettant aussi en scène des enfants. [...]
[...] Ainsi, dans la 1ère strophe, le noir s'oppose au blanc évoqué par la neige dans un contraste saisissant. Ce clair-obscur suit un cheminement à l'intérieur du poème puisqu'à la fin, les enfants retournent à la nuit, la lumière leur étant interdite ; ils retournent alors à leur état misérable en abandonnant le fournil. Le clair –obscur joue sur les notations visuelles qui se répondent d'une strophe à l'autre : l'obscurité environnante (Noirs, minuit, poutres enfumées, hiver) s'oppose à la lumière du soupirail. [...]
[...] La description des enfants qui portent des haillons met l'accent sur leur misère sociale. Ils sont représentés comme des êtres chétifs, assimilés presque à des lapins, les rend vulnérables et dignes de pitié. L'hostilité de l'hiver qui les environne contribue à rendre leur fragilité plus patente : Il s sont blottis souligne ainsi la protection qu'ils semblent chercher les uns avec les autres Les clichés de l'enfance malheureuse Rimbaud fait appel à la notion d'orphelin pour jouer sur les cordes sensibles du lecteur. [...]
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