Art, Yasmina Reza, objectivité, beauté d'une oeuvre, règles de l'art, évaluation d'une oeuvre, jugement, goût, Emmanuel Kant, culture, art contemporain, Pierre Bourdieu, esthétisme, capital culturel
La beauté est-elle une propriété objective que l'on constaterait tous dans l'objet observé comme c'est le cas pour sa taille ou sa masse ? Si tel était le cas, l'art consisterait en une série de règles précises à suivre pour faire du beau, à l'instar de la démarche scientifique qui suit une méthode précise pour déterminer les propriétés des objets. C'est la conception antique de l'art comme savoir-faire humain, susceptible d'imiter la nature, modèle d'ordre et d'harmonie que les hommes doivent s'efforcer de reproduire en tout, qui pose l'idée d'une définition objective du beau : perfection, proportion, clarté (harmonie des formes et des couleurs, proportion des corps et des décors, oeuvre qui donne le sentiment d'un achèvement et qui se lit comme un discours). Dans cette perspective, on évalue une oeuvre au respect de ces critères.
[...] Yvan : Je ne suis pas aussi sévère que toi. C'est une œuvre, il y a une pensée derrière ça. » IV. Peut-on alors encore avoir une approche sensible face aux œuvres contemporaines ? Faut-il tout de suite et uniquement en avoir une approche intellectuelle en tant qu'il s'agirait de percevoir l'intention qui préside le geste de l'artiste ou l'idée sur son œuvre et l'art en général qui y est exprimée ? La réaction de Marc s'exprime, dans un premier temps, par le fait qu'il ne ressent rien devant ce tableau et qu'il ne peut pas (ne veut pas) avoir une appréciation intellectuelle de l'art. [...]
[...] Mais est-ce vraiment le cas ? La fin de la pièce ne marque-t-elle pas au contraire le triomphe de Serge ? - Tout d'abord, Serge savait que le stylo n'était pas indélébile, mais ne le dit pas à Marc. Il se met donc de nouveau dans la situation d'en savoir toujours plus que Marc - Marc finit par accepter le tableau de Serge comme si le fait d'avoir tracé des traits dessus lui permettait de lui donner un sens. « Elle représente un homme qui traverse un espace et qui disparaît. [...]
[...] Car, de même que les définitions du beau ont changé au fil des siècles, les formes et les courants artistiques ont eux aussi évolué. Et Serge reproche justement à Marc d'être resté bloqué à une vision dépassée de l'art (il fait référence au tableau hypoflamand que Marc a chez lui), de ne pas avoir compris que l'art est justement en perpétuelle évolution. III. Faut-il être cultivé pour apprécier une œuvre d'art ? La réaction de Marc face au tableau acheté par Serge révèle tout de suite son ignorance du monde de l'art contemporain ou son refus de le comprendre. [...]
[...] - un moi qui a été nié pour devenir moi plein. Face à l'autre, je ne suis plus totalement moi, mais c'est aussi grâce à cela que je deviens pleinement moi en soi et pour soi. Serge se veut (en soi) un amateur d'art et un être cultivé, mais l'est-il pleinement si Marc lui refuse ces caractéristiques en s'opposant à lui au sujet du tableau qu'il a acheté ? Mais pourrait-il l'être sans l'opposition de Marc ? Marc se veut (en soi) un individu éclairé, traçant son propre chemin intellectuel, et prétendant s'éloigner des sentiers battus de la culture dite dominante, mais l'est-il pleinement si Serge remet toujours en question ses qualités intellectuelles et sa capacité à poser un regard pertinent sur les choses ? [...]
[...] La côte d'un artiste, qui détermine ensuite le prix de ses œuvres s'établit dans le cercle qui lie les galeries qui exposent, les collectionneurs qui misent sur tel ou tel artiste avant tout le monde et les particuliers qui achètent ce qui est à présent présenté comme ayant de la valeur. Les œuvres d'art sont, en ce sens, des objets marchands qui s'inscrivent dans un marché. Marc rejette justement l'idée que l'évaluation professionnelle (celle du marché qui fixe les côtes) ait le monopole du jugement sur les œuvres. [...]
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