Art 1994, tirade d'Yvan lignes 699 à 762, Yasmina Reza, pièce de théâtre, logorrhée, topos théâtral, commentaire de texte, multiplication des discours, champ lexical
Yasmina Reza est une dramaturge française du XXe siècle. Sa première pièce est appelée "Conversations après un enterrement" et traite du ridicule de ses contemporains. Son plus grand succès est "Art" (1994) ; ici nous étudions l'incipit. Voici le sujet : Serge achète une toile extrêmement cher, Marc ne le supporte pas, il s'oppose et Yvan leur ami sert de médiateur. La problématique est de savoir comment Reza revisite-t-elle le topos théâtral du conflit ?
[...] I - une logorrhée Une tirade confuse "Alors"(690) : connecteur logique de conséquence, Yvan rentre sans saluer et semble conclure une réflexion personnelle qu'il va en fait redévelopper dans une longue tirade qui ne comporte que deux phrases dont la deuxième a plus de 800 mots. Il se décharge auprès de ses amis, c'est un véritable déversoir. Plus tard Yvan cherche à s'excuser auprès d'eux en répétant « des amis m'attendent »(715,723/724). "dramatique"(690) : répétition de cet adjectif. Yvan insiste sur le casse- tête auquel il doit faire face. "veulent"(691) "veut"(693/696) : plusieurs occurrences du verbe vouloir. Yvan souffre d'une combinaison ininterrompue de volontés incompatibles. Yvan se répète : « carton d'invitation » (l. 693), « ce carton » (l. [...]
[...] Yvan ne va pas à l'essentiel, il se noie dans cette tirade en retranscrivant son propre discours, celui des belles-mères, celui de Catherine et celui de sa mère. Des détails superflus Yvan répète très précisément les détails de propos tenus par sa mère qui elle aussi s'est égarée tant elle vit mal sa situation personnelle. Yvan se noie dans des détails qui n'amènent rien à sa narration, bien au contraire: "la brave Huguette doit dire Amen à tout" (l.721/722), "ma mère aussi joue au bridge" (l.745/746), "la passer à 60 francs de l'heure non déclarée", "quand on vient de mettre un pacemaker au pauvre André" (l. [...]
[...] La mère d'Yvan est en désaccord constant avec son fils. Après lui avoir reproché d'avoir mené une vie désordonnée, elle lui reproche paradoxalement de se ranger. Elle désapprouve visiblement le mariage de ce fils dont elle est peut-être jalouse. Les indices de temps "un après-midi et une soirée" avec le connecteur logique d'addition soulignent la longueur de ce pénible moment. # opposition adjectifs possessifs 1ere et 2° personne puis "mon petit" (l. 761) # "file, file"(l. 761): expression enfantine et affectueuse qui s'oppose à l'ordre final (discours injonctif): la mère d'Yvan l'infantilise et veut le faire culpabiliser. [...]
[...] sur le carton". "avec un rictus de dégoût": complément circonstanciel de manière. Catherine n'aime pas sa future belle-mère, elle doit juger qu'elle en fait trop. Conflit de Yvan et de sa mère "dernière roue du carrosse" (l. 717,718), "les choses sont déjà là" (l.720), "sans moi" (l. 720) , "derrière mon dos" (.721): champ lexical du rejet, du mépris. La mère d'Yvan se sent laissée pour compte. On ne la consulte pas et les amis de son fils le lui enlèvent. [...]
[...] Elle est complexée et déteste ce qu'elle est devenue. pavaner seule": oxymore qui souligne sa détresse à l'idée que sa solitude va être exposée. trouvé moyen de" (l.744), "trouve moyen de" (l.756): répétition d'un même groupe verbal. Elle se victimise, elle accumule des griefs qui n'ont rien à voir avec l'histoire du carton. "égoïste" x 3 (l.750), "cœur de pierre" (l.752), "pierre à la place du cœur" x 2 (l.753, 756/757): répétition d'expressions négatives. Elle veut montrer qu'elle est la cible de critiques de toute part. [...]
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