Théophile Gautier, qui se définit lui-même comme un homme pour qui le monde extérieur existe, considéré comme un maître par Charles Baudelaire qui lui dédia les Fleurs du Mal, renouvela la poésie romantique dans son recueil majeur Emaux et Camées (1852) en orientant son art vers la représentation plastique du monde extérieur et en cultivant une forme impeccable. Paru dans la revue intitulée L'Artiste (1857), ajouté postérieurement comme conclusion du recueil et dédié à l'odelette de Banville, l'œuvre de l'artiste doit triompher des contraintes et des difficultés pour atteindre une beauté pérenne, c'est la thèse de l'art pour l'art.
[...] carrare (v.17), paros (v.18). C. Ces petits tableaux, sertis comme des camées, se caractérisent par un hommage à des arts mineurs - Le poète rend donc hommage aux arts manuels, plastiques (strophe 4). - Chaque strophe évoque les arts plastiques : une forme ; pétrit (v14) ; contour (v20) ; le profil d'Apollon (v28) ; tordant (v34) ; nimbe trilobe (v37) ; buste (v43) ; bloc (v56). - De strophe en strophe, il évoque des arts plastiques sur des matériaux, des objets de plus en plus petits et donc de plus en plus méritants, car nécessitant un travail plus minutieux médaille (v45) ; blasons (v36). [...]
[...] Il prône donc une réhabilitation des arts mineurs. - Il y a toutefois une certaine hiérarchisation : Gautier donne des conseils à beaucoup d'artistes lutte avec le carrare (v17) ; emprunte à Syracuse (v21) fuis l'aquarelle (v29) pour ensuite leur préférer le poète. On peut donc penser que tous ces artistes sont des métaphores de l'Artiste suprême qui est pour lui le poète. - Ainsi la structure de ce poème est originale puisqu'il commence par un constat pour revenir à l'étape précédente, mais cette structure est nécessaire pour valoriser le travail et l'œuvre du poète. [...]
[...] Gautier annonce ici le mouvement des poètes parnassiens : Charles Baudelaire lui dédia même le recueil Les Fleurs du Mal dans lequel il consacra deux poèmes à la beauté, ces poèmes mettent en scène l'allégorie d'une beauté pure, froide et inaccessible à ses amants, les poètes. En revanche, L'Art de Gautier s'oppose à l'Art poétique de Paul Verlaine. Dans ce poème, Verlaine oppose à la rigueur des Parnassiens, l'artifice de la rime, la spontanéité des émotions grâce à la fluidité du rythme impair, au flou des images, à l'ambiguïté du langage et à la recherche de la musicalité plutôt que de la plasticité, annonçant ainsi la poésie symboliste. [...]
[...] Thèse de l'art pour l'art et sa récompense : la pérennité de l'œuvre A. L'auteur doit savoir s'attaquer à des choses difficiles - Il faut s'attaquer à une matière difficile, car elle dure plus longtemps : vers, marbre, onyx, émail montre que les vers sont mis au même plan que les matières réputées pour être solides. De plus, il a choisi de ne prendre que des matières nobles carrare paros agate (v27). La solidité de l'émail est préférée à l'aquarelle le marbre est préféré à l'argile Buste (v43) renvoie au marbre et la médaille (v45) au bronze. [...]
[...] Il ne choisit pas l'ode, car elle a été trop souvent choisie par des poètes sérieux sur des sujets graves. Avec cette odelette, il détourne son sérieux en la consacrant à un sujet mineur, bien qu'il soit une sorte de religion pour lui. Mais Gautier montre, par ce choix, qu'il se considère comme l'héritier des poètes antiques comme Pindare. - Le poème comporte 14 quatrains, constitué de vers délibérément courts, des sizains. Les strophes sont hétérométriques. Gautier réduit donc le nombre de vers et leur longueur. [...]
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