A travers les différents articles de son ouvrage L'Art romantique, Baudelaire se fait critique littéraire et donne sa vision de la poésie qui doit être à la fois liée à la vie moderne et au beau idéal. Dans L'Art romantique, Baudelaire affirme : « L'art est –il utile ? Oui. Pourquoi ? Parce qu'il est l'art. Y a-t-il un art pernicieux ? Oui. C'est celui qui dérange les conditions de la vie. Le vice est séduisant, il faut le peindre séduisant ; mais il traîne avec lui des maladies et des douleurs morales singulières. Il faut les décrire. »
Baudelaire prône une littérature exhaustive, achevée, qui décrit tout même les choses les plus difficiles à dépeindre. Il oppose cet art complet à l'art moralisant qui cherche à dicter une morale à suivre. Mais à la fin de cette citation, Baudelaire introduit un paradoxe, car il passe de l'importance de l'éthique à celle de l'esthétique, en mettant en avant le beau dans une œuvre.
Une œuvre peut-elle à la fois être exhaustive et relever du beau ? L'unité intégrale est-elle toujours nécessaire dans une œuvre littéraire ?
[...] C'est celui qui dérange les conditions de la vie. Le vice est séduisant, il faut le peindre séduisant ; mais il traîne avec lui des maladies et des douleurs morales singulières. Il faut les décrire. Baudelaire poursuit en soutenant que si toutes les douleurs sont étudiées, alors l'école exclusivement morale ne pourra venir critiquer cet ouvrage. Il poursuit en affirmant : La première condition nécessaire pour un art sain est la croyance à l'unité intégrale. Je défie qu'on me trouve un seul ouvrage d'imagination qui réunisse toutes les conditions du beau et qui soit un ouvrage pernicieux. [...]
[...] "L'Art romantique " de Charles Baudelaire (1869) Sujet : L'art est-il utile ? Oui. Pourquoi ? Parce qu'il est l'art. Y il un art pernicieux ? Oui. C'est celui qui dérange les conditions de la vie. Le vice est séduisant, il faut le peindre séduisant ; mais il traîne avec lui des maladies et des douleurs morales singulières. Il faut les décrire. Étudiez toutes les plaies comme un médecin qui fait son service dans un hôpital, et l'école du bon sens, l'école exclusivement morale, ne trouvera plus où mordre. [...]
[...] Le beau n'est donc pas parfait esthétiquement et moralement et il peut se trouver derrière la description des douleurs. Ainsi, dans La Cloche Fêlée, Baudelaire décrit l'agonie d'un soldat au milieu de ce qui semble être un champ de bataille recouvert de soldats morts, tout en donnant l'impression au lecteur d'entendre le bruit régulier et éventuellement poétique d'une cloche. Cette alliance du beau et du répugnant se retrouve aussi dans le poème Une charogne où Baudelaire décrit la décomposition d'un cadavre tout en utilisant un vocabulaire imagé et qui est en lien avec la nature. [...]
[...] Enfin, la place du beau se retrouve aussi dans les thèmes choisis par l'auteur. Ainsi, Musset dans L'Andalouse invite son lecteur au voyage avec un poème coloré de notes espagnoles et qui transcrit l'amour et le désir du poète pour la femme à qui il dédit ses vers. Le beau transparaît donc dans l'œuvre littéraire à travers la mise en forme, le style, la musicalité ou les thèmes que comporte le texte. Ce passage de l'éthique à l'esthétique qui semblait à première vue paradoxale se révèle ne pas l'être. [...]
[...] Ainsi, la littérature édifiante, dénoncée par Baudelaire, même si elle se pose en moralisateur, a amené au cours des siècles à une évolution de la société. Derrière les fables et les apologues qui semblent seulement vouloir apporter une leçon aux lecteurs se cachent d'illustres idées qui participent à des réflexions politiques et sociales sur la société dans laquelle vit l'auteur. Ainsi, dans son apologue Zadig, Voltaire met en avant les idées des philosophes des Lumières du XVIIIe siècle. Il y dénonce le pouvoir absolu, à travers l'histoire de Zadig qui étant premier ministre se fait chasser par le roi, ou encore la religion qui porte la marque du fanatisme. [...]
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