Quel peut bien être le but de l'activité philosophique ? Aristote, philosophe de l'Antiquité, élève de Platon, s'est employé à répondre à cette question dans l'un de ses ouvrages majeurs, Métaphysique.
Dans un passage célèbre de cette oeuvre, Aristote met ainsi en évidence la spécificité de cette activité, dans laquelle il s'est lui-même illustré, en remontant à ses origines (...)
[...] Aussi Aristote peut finalement conclure que la philosophie se suffit à elle-même, qu'elle est à elle-même sa propre fin. Ce qui fait d'elle une connaissance que nous pourrions appeler libérale, au sens où l'on opposait au 18e siècle les arts libéraux aux arts mécaniques, soit les beaux-arts aux techniques. Comme l'art, la philosophie n'a pas de finalité qui lui soit extérieure, elle n'est pas le moyen de quelque fin à l'obtention de laquelle elle serait subordonnée. De même que l'art n'a pas d'autre but que la satisfaction que l'on éprouve au contact de ses œuvres, de même la philosophie n'a pas d'autre but que celui de satisfaire l'esprit dans son besoin de connaissance. [...]
[...] Pour Aristote, le but de la philosophie et d'atteindre la connaissance; il s'agit d'un but purement théorique et donc, en aucune façon, utilitaire. Il s'agit de savoir pour savoir. Aristote le prouve très habilement en faisant observer (lignes douze à seize) que tous les arts, entendus au sens de techniques, dont le but était utilitaire, avaient déjà été inventés lorsque l'on a commencé à se tourner vers la philosophie. Aristote entend par là que, si le but effectif de la philosophie avait été utilitaire, cette science aurait existé depuis beaucoup plus longtemps. [...]
[...] Dans un passage célèbre de cette œuvre, Aristote met ainsi en évidence la spécificité de cette activité, dans laquelle il s'est lui-même illustré, en remontant à ses origines. Fille de l'étonnement, la philosophie se distinguerait, selon lui, des autres activités par sa liberté, en tant qu'elle serait à elle-même sa propre fin. Nous verrons, après avoir étudié l'argumentation d'Aristote, la justesse mais aussi le caractère trop abrupte peut-être d'une telle conception de la philosophie. On comprend qu'Aristote soucieux, à la suite de Platon, de promouvoir l'activité philosophique, se soit employé à en montrer la spécificité. [...]
[...] En effet, même si l'on reconnaît l'influence platonicienne qu'a subi Aristote, celui-ci se démarque nettement de son maître. Aristote ne se contente pas de reprendre l'idée platonicienne concernant l'origine de la philosophie, il explique cette origine et il en explique les conséquences sur la nature même de la philosophie. En donnant à penser que la philosophie est vouée tout entière au savoir, sans visée utilitaire, contrairement aux autres sciences, Aristote en souligne la profonde originalité. La philosophie aspire au savoir pour le savoir même, et non en vue de quelque intérêt, de quelque nature que ce soit, matériel ou même spirituel. [...]
[...] Platon ne voyait-il pas dans la philosophie un moyen d'atteindre efficacement le bien commun? Ainsi, lors de son exil en Sicile, n'a-t-il pas tenté de mettre son savoir philosophique au service de la politique pour rendre la vie collective plus juste. Or n'est-ce pas là une application concrète? Aristote compare la philosophie à la mythologie. Or le but des mythes n'est-il pas précisément d'expliquer l'inexplicable et ainsi de rassurer les hommes sur leur propre condition? A quoi bon tenter d'expliquer les phénomènes mystérieux si ce n'est dans l'optique d'une vie meilleure, plus sereine? [...]
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