La vie sentimentale de Verlaine est, au moment de l'écriture du poème, très compliquée : Verlaine est marié à Mathilde et tombe amoureux de Rimbaud, ce qui entraîne une rupture de son foyer familial. En 1872, il tente tout de même de se réconcilier avec son épouse ; il écrit donc ce poème pour lui demander pardon. Ce poème montre bien sa volonté de retourner avec sa femme et de retrouver ainsi son innocence. Nous pouvons donc nous demander comment Verlaine parvient à travers ce poème, à demander pardon à sa femme.
(...) Pour conquérir le pardon, Verlaine décide d'en montrer les effets positifs. Tout d'abord, la première conséquence du pardon serait le bonheur que l'on voit à travers "bien heureuses". De plus, la position à la rime renforce cette idée de bonheur. La deuxième conséquence serait le partage des "instants moroses" : en effet, on est moins malheureux à deux. De même, on retrouve le champ lexical de la tristesse avec des mots tels que "pleureuses" ou encore "moroses". Ceci forme une unité sonore dans le champ lexical qui permet de renforcer la position de Verlaine vis-à-vis des éléments positifs du pardon. Cependant, la proximité sonore du mot "heureuses" avec les mots "moroses" et "pleureuses" situées à la rime peut entraîner la perte de ce bonheur. Dans la deuxième strophe, le pardon permet la "douceur" qui était déjà annoncée dans l'épigraphe. Elle est souhaitée dans l'épigraphe à cause de la triple répétition du mot "douceur". Puis elle devient effective peu à peu dans le texte avec la présence des mots "âmes soeurs" ou encore "jeunes filles". La douceur est également présente à travers la forme du poème. En effet, le son [s] a 30 occurrences. Ce son est donc largement présent dans le poème et il suggère la douceur. De plus, le rythme du texte est régulier ce qui renforce cette conséquence positive invoquée par Verlaine. On peut donc dire que la douceur est l'élément central du poème, à la fois en raison de la multitude d'élément invoquant la douceur, mais aussi parce que le mot "douceur" est situé au centre du poème (...)
[...] Ici l'innocence a un caractère asexué entre les personnes. L'utilisation de 2 jeunes filles pour évoquer le poète et sa femme nous montre que les deux personnes sont vus par le prisme féminin. En effet, le locuteur et de destinataire sont également perçus comme des âmes sœurs au vers 5. Le vers 7 exprime quant à lui une distinction entre l'homme et la femme, ce qui veut dire que le poète ne souhaite pas aller dans un monde où l'homme et la femme seraient différents. [...]
[...] On est donc bien dans une conquête du pardon comme le montre l'évolution des temps : on est dans un premier temps dans une situation grammaticale futur avec nous serons et la perspective future il faut A la fin, on trouve un verbe au passé : sont pardonnées ce qui nous montre que le pardon a eut lieu. Le pardon est aussi effectif car on passe d'une tournure impersonnelle il faut à une implication personnelle nous». L'évolution du poème montre que pour Verlaine, l'issue de cette demande de pardon ne peut qu'être réalisée. Cependant, pour accéder à ce pardon, Verlaine doit passer par un retour à l'innocence. II/ Le retour à l'innocence A. Retour en arrière, retour à la jeunesse. [...]
[...] Le fait de ne pas marquer la véritable origine de cette épigraphe est une manière de nier le passé, mais aussi de nier son existence. De plus, l'absence du je est frappante dans le poème dans la mesure où il s'agit d'un poème personnel destiné à se faire pardonner sa faute. Cependant, il y a un vous qui donne l'impression de dominer le poète. Au début du poème, il y a une certaine certitude, puis la question rhétorique n'est ce pas montre que le poète est soumis au jugement favorable de l'autre. [...]
[...] Il traverse donc une crise d'identité. Cependant, Verlaine semble vouloir retrouver sa vie auprès de sa femme, c'est pourquoi il écrit ce poème afin de lui demander pardon. Il cherche le pardon qui lui permettrait de revenir en arrière et de retrouver une certaine pureté, mais cela n'est possible que par un renoncement à soi. [...]
[...] INCONNU Il faut, voyez-vous, nous pardonner les choses. De cette façon nous serons bien heureuses, Et si notre vie a des instants moroses, Du moins nous serons, n'est-ce pas ? deux pleureuses. Ô que nous mêlions, âmes sœurs que nous sommes, À nos vœux confus la douceur puérile De cheminer loin des femmes et des hommes, Dans le frais oubli de ce qui nous exile ! Soyons deux enfants, soyons deux jeunes filles Éprises de rien et de tout étonnées, Qui s'en vont pâlir sous les chastes charmilles Sans même savoir qu'elles sont pardonnées. [...]
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