La pièce Les Archaniens d'Aristophane est écrite dans un climat politique et militaire tout à fait particulier. En effet, la pièce prend place dans la septième année de la guerre du Péloponnèse, qui oppose Athènes et ses alliés de la ligue de Délos à Sparte et sa ligue du Péloponnèse. Athènes est alors à la recherche de nouveaux soutiens face à ce conflit dévastateur. Aristophane dans sa pièce met en scène le brave citoyen Dicéopolis qui signifie « cité juste », plus connu selon la traduction de V.-H. Debidour sous le nom de Justinet, recherchant à tout prix une trêve entre les deux cités rivales reliant ainsi l'actualité aux thèmes de sa pièce. Sous le nom de Dicéopolis (cité juste), Aristophane expose clairement sa problématique : une cité dite « juste » peut-elle entretenir la guerre aussi longtemps sans rechercher la paix ?
[...] Justinet en tant que personnage populaire et type du théâtre d'Aristophane est en contraste total avec les idéaux qu'il poursuit. Justinet est un simple paysan, plutôt vulgaire, mais lucide qui cherche désespérément à imposer la paix à une cité tout entière. Sa position sociale ne lui permet pas vraiment d'atteindre cet objectif et il s'en rend compte très vite, toutefois on peut admirer le courage et peut être la témérité dont il fait part pour revendiquer cette idée malgré l'opposition de toute une cité. [...]
[...] Justinet devient alors une sorte de porte-parole cynique, dénonçant de manière toujours comique l'absurdité de cette assemblée et l'acharnement à vouloir continuer la guerre contre Sparte. Dans la suite de ce prologue, Aristophane frappe de façon brutale, mais toujours avec humour sur cette assemblée athénienne transformée en véritable cirque. Ce qui frappe le spectateur dans les descriptions de Jutinet c'est le manque de sérieux et d'organisation de l'assemblée qui était l'une des institutions les plus remarquables de la démocratie athénienne. Justinet ne s'attaque pas particulièrement à l'institution en elle-même, mais à ses membres. [...]
[...] En conclusion comme nous l'avons vu Justinet est avant tout un personnage typique du théâtre d'Aristophane, se remarquant de par sa ruse et sa lucidité. Toutefois, Aristophane fait de Justinet plus qu'un simple héros, mais le porte-parole d'une paix possible et bénéfique. Le côté farcesque de la scène de l'assemblée quant à elle a pour fonction première de faire rire le spectateur par une succession de costume et de situations cocasses relevées par les commentaires cinglants et triviaux de Justinet. [...]
[...] Cependant, on ne peut pas renier la critique virulente d'Aristophane concernant le laxisme et l'oisiveté de ses concitoyens dans l'application de leur devoir civique de présence à l'assemblée ainsi que la multiplication des démagogues. C'est alliant l'humour et la critique qu'Aristophane nous dévoile les faiblesses de l'assemblée et cet acharnement absurde à continuer la guerre. Aristophane pose devant le spectateur une sorte de miroir grotesque de la vie quotidienne et politique d'Athènes qui laisse place à un rire grinçant du spectateur à la fois amusé et consterné par cette situation pas si éloignée de la réalité. [...]
[...] Les Acharniens sont le symbole de cet acharnement. Le personnage de Toutdivin en tant que messager des dieux possède de ce fait une certaine légitimité face à la politique d'Athènes, pourtant dès qu'il évoque le sujet d'une trêve, celui-ci est brutalement écarté, même sous l'initiative divine la paix semble inacceptable. Ces Acharniens ces vieux coriaces, des Archarniâtres selon les mots de toutdivin sont aux antipodes de Justinet, et cultivent une haine tenace pour Sparte. Suite à ce constat d'Aristophane sommes-nous en présence d'un échec de la démocratie ? [...]
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