L'extrait étudié se situe dans la première partie au livre premier au cinquième chapitre intitulé "l'arbre d'invention humaine".
Avant cela, Victor Hugo nous a décrit l'histoire d'Ursus, a abordé le thème des comprachicos et le lecteur a assisté à l'abandon silencieux d'un enfant par ceux-ci. Après ce passage, nous découvrons l'évolution de cet enfant dans la vie et petit à petit son histoire et son nom.
Dans "l'arbre d'invention humaine", le lecteur suit le parcours de cet enfant laissé à l'abandon qui marche sans réfléchir et en dépit de la nature hostile pour finir par tomber sur cet "arbre".
[...] En effet c'est un véritable écho avec l'épisode de la prison dans le livre quatrième "la cave pénale". De la même manière, Gwynplaine se retrouve éloigné de ses "proches" contre son gré. Dans les deux épisodes, il est aveuglé, dans le chapitre VII il est écrit qu' "il se trouvait dans du noir", "il ne voyait rien autour de lui" et sa vision va s'améliorer lorsqu'il sera confronté à la mort, au cadavre, assimilé ici aussi à une "forme", un "cadavre", une "silhouette" . [...]
[...] Le mort est d'abord utilisé par Hugo pour le comparer à l'enfant et ainsi les mettre en relation étroite, il s'agit de "Quelque chose d'errant autour de quelque chose d'enchainé" (p107). Ces deux personnages s'opposent et se confondent, ils ne peuvent pas bouger et semblent errer dans la nuit tous les deux. Ce mort est aussi utilisé par les Hommes pour empêcher les contrebandiers d'accoster, pratique courante à l'époque. Cette technique est expliquée précisément au chapitre suivant p111, ici elle est juste évoquée. [...]
[...] Un champ lexical du cadavre va se déployer comme si l'enfant ne connaissait pas encore le mot, "gibet". Pour lui, c'est une "chose qui avait été un homme", "un reste terrible", "une poche que la mort retourne et vide" (p107), une "masse passive". On comprend que l'enfant, dans naïveté et son innocence, va face à ce cadavre essayer de le définir à sa façon. Cette chose est nouvelle pour lui et il tente de la qualifier à sa manière. un mort vivant? [...]
[...] Si les pensées de Gwynplaine ne sont pas retranscrites, peut-être est-ce parce qu'il ne pense pas encore. Un manque de repère et de connaissances pour cet enfant Il y a aussi le fait que ce petit garçon semble perdu, tel un nouveau- né. Il ne sait pas ou il est et possède des connaissances restreintes, "il n'avait pas de notion" (p104). En effet il est dit que "enfant ignorait ce que c'est qu'une presqu'ile et ne savait pas même ce mot, Portland"(p105). [...]
[...] Les Hommes l'ont déshumanisé et l'on transformé en objet de la nature, en "arbre d'invention humaine". Les pratiques de la société sont une fois de plus ici dénoncées. Tandis que le cadavre est vu par Gwynplaine comme quelque chose qui a été vivant, il est vu par les autres comme un objet ne méritant pas de sépulcre. Ce mort et ainsi condamné à rester entre la vie et la mort, entre la terre et le ciel c'est à dire en enfer. [...]
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