Louis Aragon est célèbre pour son oeuvre mais tout autant pour son amour envers Elsa Triolet, elle-même écrivain, qu'il rencontre en 1928. Une grande partie de ses écrits la célèbre, dont le Fou d'Elsa, qui n'est pas sans rappeler la démarche du Cantique des Cantiques.
Le Roman inachevé, publié en 1956, est un long poème qui permet à Aragon de revenir rétrospectivement sur sa vie passée, et de rendre hommage à Elsa qui est venue le construire en tant qu'écrivain, mais surtout en tant qu'homme (...)
[...] C'est donc un renouveau aussi bien physique que psychologique qu'Elsa opère en l'ouvrant sur le monde. Le renouveau Ce renouveau est à prendre au sens premier du terme, car Aragon était quasiment mort avant de la rencontrer, intérieurement tout au moins. En le faisant renaître, elle change destinée et lui redonne goût à la vie en revenant dans le monde des humains : j'ai tout appris de toi sur les choses humaines Elsa va donc plus loin que l'action de le faire échapper à la mort : elle lui enseigne petit à petit à aimer la vie et à en comprendre le sens. [...]
[...] Tu m'as pris par la main comme un amant heureux. Aragon, Le Roman inachevé cheval couronné : cheval qui est tombé et qui s'est blessé au genou quinquet : ancienne lampe à huile Commentaire Elsa, remède au désespoir du poète Une vie triste et solitaire - Avant de rencontrer Elsa, Aragon était un être pessimiste qui sur le noir parie à tout moment et négatif J'étais celui qui sait seulement être contre Il utilise le début du poème pour dépeindre l'existence qu'il vivait avant de rencontrer Elsa, s'interrogeant sur ce qui se serait passé si elle n'était pas entrée dans sa vie : Que serais-je sans toi - Car envisager son absence est un cauchemar, une angoisse profonde de vivre en permanence dans une heure arrêtée au cadran de la montre En effet, avant de rencontrer Elsa, Aragon est un homme triste et sans perspective d'avenir (il ferme sa fenêtre isolé et tourné vers le passé. [...]
[...] On ne s'étonnera pas, dès lors, de l'alliance de rimes entre être et disparaître - L'autoportrait de l'homme qu'il était a beaucoup recours à des termes dépréciatifs, voire péjoratifs : hagard cabot escamoteur Aragon se montre très direct et sans pitié pour l'homme qu'il était. La transformation Puis Elsa paraît et incarne la possibilité de conjurer la dégradation et la mort. - Elle l'apaise dès leur rencontre et il n'ose imaginer la situation contraire : si tu n'étais venu changer ma destinée - Dès lors, le cercle vicieux est brisé, car Elsa relè[ve] le cheval couronné symbole de l'homme souffrant. [...]
[...] Elle lui offre ainsi le sens du frisson - elle lui donne l'accès à l'infiniment grand et à sa lecture, telle une divinité ou l'interprète des oracles : comme on lit dans le ciel les étoiles lointaines - l'ensemble de ses horizons s'élargit : le poème intègre plus de couleurs et d'ouverture. On passe ainsi de la pièce close et au sombre désespoir au ciel étoilé aux tons bleutés, mais aussi aux sensations de l'eau (la fraîcheur des fontaines), aux sonorités, etc. - par conséquent, c'est le bonheur qui redevient accessible à Aragon, amant heureux désormais. [...]
[...] Que serais-je sans toi que ce balbutiement. Un bonhomme hagard qui ferme sa fenêtre Un vieux cabot parlant dans anciennes tournées L'escamoteur qu'on fait à son tour disparaître Je vois parfois celui que je n'eus manqué d'être Si tu n'étais venue changer ma destinée Et n'avais relevé le cheval couronné Je te dois tout je ne suis rien que ta poussière Chaque mot de mon chant c'est de toi qu'il venait Quand ton pied s'y posa je n'étais qu'une pierre Ma gloire et ma grandeur seront d'être ton lierre Le fidèle miroir où tu te reconnais Je ne suis que ton ombre et a menue monnaie J'ai tout appris de toi sur les choses humaines. [...]
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