Commentaire composé semi-rédigé du texte d'Aragon Elsa au Miroir issu de son recueil "Les yeux d'Elsa".
[...] Aragon fait un parallèle entre la liste des morts sur les monuments (aux morts) et la liste des acteurs à la fin d'une pièce. On peut se demander pourquoi il a rapproché l'un et l'autre, puisque normalement, les acteurs ne meurent pas réellement. Il s'agit en fait d'un rapprochement étymologique : "acteur" signifie celui qui agit. Aragon montre que ce sont les plus actifs des résistants qui meurent. Chacun joue un "rôle" dans la résistance mais le pathétique vient du fait que ce rôle conduit à la mort. Le miroir peut être assimilé à une ouverture scénique. Aragon et Elsa sont les spectateurs. [...]
[...] Aragon associe ses souvenirs à quelque chose de beau. En effet, les souvenirs lui donnent l'inspiration : ranimer les fleurs sans fin de l'incendie". Lorsqu'il l'inspire, le souvenir est valorisé pour en faire quelque chose de presque beau. L'incendie n'est pas forcément associé à l'idée de brûlure. De plus, on peut voir que le souvenir s'estompe. Lorsqu'elle arrête de se peigner, le souvenir disparaît. On ne sait pas si c'est la souffrance qui donne l'inspiration, ou si c'est l'insupportable. Conclusion : Ce texte trouve sa beauté dans le non-dit. [...]
[...] En 1942, on ne voyait pas la fin de la guerre, il s'agit ici d'une souffrance morale. "Elle martyrisait à plaisir sa mémoire". Il s'agit d'une antithèse, presque un oxymore. Par un geste doux, elle ravive la douleur. Même le quotidien est douloureux pendant l'horreur de la guerre. "Sans y croire . " : Cela montre le désespoir et l'aspect défaitiste qui régnait à cette sombre et terne période. On trouve plusieurs niveaux de souffrance : Celle d'Elsa n'est pas exprimée. C'est Aragon qui la suppose. [...]
[...] Pour lui, le lien entre la chevelure et la guerre s'impose. C'est un thème d'écriture jusqu'à l'obsession : on parle d'hypotypose (c'est-à-dire le retour d'une image obsessionnelle dans un texte poétique). La chevelure d'Elsa sert également d'intermédiaire entre la vie intime d'Aragon et son rôle en tant que poète et résistant. Il voit le monde extérieur à travers cette chevelure. Cependant, l'interprétation d'Aragon reste mystérieuse. Il ne donne pas toutes les clés : "Et vous savez leurs noms sans que je leur aie dit". [...]
[...] Effectivement, il y a des indications temporelles importantes : "comme dans la semaine est assis le jeudi". Par analogie entre la semaine et les années de guerre, on comprend qu'il s'agit de l'année 1942. A cette époque, les armées allemandes en sont à leur apogée. De même, les "flammes des longs soirs" correspondent aux bombardements. L'auteur indique qu'il faut décrypter le message par le terme "ce que signifient". La réalité est camouflée sous le champ lexical du théâtre. Tout d'abord, chacun sait qu'une tragédie se termine forcément mal, par la mort d'un des personnages par exemple. [...]
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