Le programme de première envisage l'étude de l'argumentation sous deux formes: la délibération, qui est la confrontation directe d'idées et de prises de position débouchant sur un jugement, et l'argumentation indirecte, où « une de position se manifeste moins par un débat ouvert que par des voies visant à susciter une adhésion par l'agrément ». Le programme prévoit donc l'étude de genres littéraires argumentatifs (ou littérature d'idées) tels que l'essai, le dialogue ou l'apologue. C'est ici bien évidemment le genre de l'apologue qui nous intéresse.
[...] Tel le Persan de Montesquieu (Lettres persanes, 1721), il observe, s'interroge et nous renvoie l'image d'une réalité rongée par des fléaux que Voltaire ne cesse de dénoncer. II) L'utopie dans Candide Au cœur du récit de Candide se glisse un autre genre de l'Apologue : l'utopie. Ce terme qui vient du grec non et topos, lieu et qui signifie littéralement ce qui n'existe nulle part est celui donné par Thomas More (1478-1534) à la cité idéale qu'il imagine dans son récit Utopia (1516). [...]
[...] Plus largement, apologue qualifie des fictions ayant une visée argumentative : fables, contes, exempla ou paraboles qui aboutissent à une leçon morale. Candide, un conte philosophique Candide répond à cette définition de l'apologue : c'est un récit, une narration, une fiction, qui comporte une leçon, mais cette leçon n'est pas seulement morale, elle invite à une réflexion sur le monde et sur l'homme, c'est un conte philosophique. Simonsen, dans son Dictionnaire des littératures, définit la conception voltairienne du conte philosophique : Le conte de Voltaire, en effet, est avant tout [un apologue], c'est à dire un récit qui se donne ouvertement non pour le reflet fidèle de la réalité, mais pour une construction fabriquée dans le propos d'illustrer un point de vue. [...]
[...] La troisième et dernière utopie est celle, finale, du jardin de la Propontide. L'utopie ici n'est plus vraiment critique mais offre un idéal réaliste pour être heureux : cet idéal voltairien exprimé par Candide dans sa célèbre formule conclusive Il faut cultiver notre jardin évoque déjà celui de l'entreprise de Ferney où se retirera Voltaire et renvoie aux valeurs bourgeoises de la propriétés et du travail. L'argumentation contestataire est donc voilée, réalisée par le biais du récit et de l'utopie; Voltaire ne cesse, en utilisant tous les genres et toutes les tonalités, de dissimuler ses critiques en laissant au lecteur le soin de formuler lui-même la dénonciation : Les livres les plus utiles sont ceux dont les lecteurs font eux-même la moitié (préface du Dictionnaire philosophique) III) La (ou les) leçon(s) de Candide Voltaire intitule le dernier chapitre de Candide Conclusion ce singulier pourrait aisément être remplacé par un pluriel car plusieurs conclusions s'offrent au lecteur attentif . [...]
[...] La deuxième utopie est celle de l'Eldorado, la plus importante puisqu'elle occupe deux chapitres au milieu même du conte. La description merveilleuse du luxe, du raffinement, de la richesse et de la grandeur de ce petit paradis masque à peine les critiques de Voltaire : l'éloge du bien-être, du sens de l'accueil, de l'absence de procédé de répression et de la place accordée aux sciences est à même, par effet de contraste, d'exposer les dysfonctionnements de la société contemporaine de l'auteur. [...]
[...] Comme le dit et le montre le sage vieillard qui cultive avec ses enfants ses vingt arpents de terre et qui semble avoir trouvé le bonheur, le travail éloigne de nous trois grand maux, l'ennui, le vice et le besoin. Il faut travailler la terre qui apporte richesses et prospérité, mais aussi savoir faire fructifier ce que l'on possède : de cultiver à se cultiver, il n'y a qu'un pas. La leçon de Candide est donc une morale de l'action. [...]
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