Long poème de 174 vers ; en longeant les « quais obscurs » qui le ramènent à Auteuil (comme à la fin de Zone : "Tu marches vers Auteuil tu veux aller chez toi à pied"), le poète boit les images de villes qui surgissent en lui. Il s'agit d'un poème polyphonique où, à l'intérieur d'un "discours" adressé par le poète aux "Hommes de l'avenir", se crée un dialogue entre Paris et les autres villes de France et d'Europe. Démultiplication des temps et des modalités d'énonciation dans un dialogue (...)
[...] Ecoutez mes chants d'universelle ivrognerie = Strophe 29 : - Monostiche, sur lequel se referme la part consacrée aux chants aux voix des villes. La répétition de l'impératif, du motif de l'ivresse et du mot univers correspond aussi à l'ivresse même qui fait se répéter, même s'il s'agit d'abord de proclamation presque sans fin. Le début du vers fait d'Apollinaire l'équivalent des grands chantres de la poésie, et le nom final installe la distance ironique chère au poète (cf. gosier). [...]
[...] - Strophes 5 et 6 : la chanson de Paris appelle les autres villes. - Strophes 7 à 24 : réponse des autres villes (de Bretagne, du Nord, Lyon, du Midi, de Sicile, Rome, d'Allemagne, du monde par centaines NB. Marseille, Rome, Coblence se trouvaient déjà dans Zone - Strophes 25 à 30 : réponse donnée par le poète aux chants des villes Je vous ai bus puis retour de l'apostrophe aux Hommes : Ecoutez-moi et évocation de la fin de la nuit et de la naissance du jour. [...]
[...] Il s'agit ici des quatorze derniers vers, les strophes 25 à 30, où le poète répond aux chants des villes et s'adresse de nouveau aux Hommes de l'avenir (cf. v.1.) On observe une certaine liberté dans l'organisation des strophes et dans le choix des mètres, mais aussi une présence certaine de l'alexandrin et des rimes suivies ; se mêlent donc tradition poétique et modernité. Le poète proclame avec lyrisme son ivresse et sa soif de poésie, le monde étant devenu la matière de son écriture, un alcool, le vin, qui donne tout son sens au titre du recueil. [...]
[...] Rythme qui marque une expansion et une sérénité. - Rappel enfin de l'importance de Paris qui a recueilli au fil du poème le vin de toutes les villes de même qu'ici toute l'étendue de l'univers se déploie ou se ramasse dans le lieu réduit des quais. Ecoutez-moi je suis le gosier de Paris Et je boirai encore s'il me plaît l'univers = Strophe 28 : - Ce distique ne figurait pas dans l'exemplaire des Soirées de Paris. Ce rajout permet d'observer l'importance qu'attribue le poète, par le second vers, au thème de l'ivresse et à sa dimension cosmique. [...]
[...] Et la nuit de septembre s'achevait lentement Les feux rouges des ponts s'éteignaient dans la Seine Les étoiles mouraient le jour naissait à peine = Strophe 30 : - Tercet qui ramène à la réalité du cadre de l'énonciation ; la coordination Et donne l'aspect d'une clausule. La nuit de septembre a été évoquée v.5-6 du poème ; c'est aussi un rappel de la saison et du titre. On se souvient que Zone s'achève aussi par La nuit (qui) s'éloigne Les verbes annonçant la fin se multiplient. L'imparfait permet de redonner une distance par rapport au souvenir et à la description du cadre des quais et du moment. [...]
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