Le vers employé dans ce poème est l'alexandrin. Utilisant souvent des vers libres, ou des mètres courts comme l'octosyllabe ou le décasyllabe, Apollinaire s'inscrit dans ici dans une forme poétique traditionnelle. La strophe utilisée est ici un quintile (ensemble de cinq vers) (...)
[...] Guillaume APOLLINAIRE, Œuvres poétiques, Poème à Yvonne Lecture : Vous dont je ne sais pas le nom ô ma voisine Mince comme une abeille ô fée apparaissant Parfois à la fenêtre et quelquefois glissant Serpentine onduleuse à damner ô voisine Et pourtant soeur des fleurs ô grappe de glycine En robe verte vous rappelez Mélusine Et vous marchez à Petits Pas comme dansant Et quand vous êtes en robe bleu-pâlissant Vous semblez Notre-Dame des fleurs ô voisine Madone dont la bouche est une capucine Sinueuse comme une chaîne de monts bleus Et lointains délicate et longue comme un ange Fille d'enchantements mirage fabuleux Une fée autrefois s'appelait Mélusine Ô songe de mensonge avril miraculeux Tremblante et sautillante ô vous l'oiselle étrange Vos cheveux feuilles mortes après la vendange Madone d'automne et des printemps fabuleux Une fée autrefois s'appelait Mélusine Êtes-vous Mélusine ô fée ô ma voisine Apollinaire, Oeuvres poétiques Introduction : Dans l'univers d'Apollinaire, les femmes occupent une place privilégiée : qu'elles soient mythiques, réelles et aimées, ou femmes de rencontre comme dans ce poème, elles expriment toujours une dualité, séduction et trahison, bonheur et malheur. Mais dans tous les cas, elles sont pour le poète une source d'inspiration. Le vers employé dans ce poème est l'alexandrin. Utilisant souvent des vers libres, ou des mètres courts comme l'octosyllabe ou le décasyllabe, Apollinaire s'inscrit dans ici dans une forme poétique traditionnelle. [...]
[...] Dès la première strophe, la féminité apparaît sous deux aspects : tout d'abord, c'est la sensualité ensorceleuse et merveilleuse de la femme qui est évoquée par le terme fée et l'expression serpentine onduleuse à damner ; ceux-ci annoncent aussi la figure légendaire de Mélusine et de la femme fatale (on remarque également la discrète évocation biblique du serpent, figure du péché). Puis, la figure utilisée dans le dernier vers du premier quintile est une double métaphore : la première, sœur des fleurs associe le champ lexical féminin connoté par le mot sœur avec le champ lexical de la nature végétale fleur et suggère une étroite filiation. [...]
[...] Ensuite, à ce premier réseau s'adjoint un lexique chromatique dominé par le bleu et la couleur verte (implicite dans la serpentine et dont la connotation de vitalité renforce le mouvement des lignes. La fraîcheur et la simplicité de la glycine et de la capucine participent aussi avec leurs suggestions de couleurs à l'animation de ce portrait féminin. III L'expression d'un lyrisme Apollinaire s'adresse à une femme dont il fait l'éloge ; le ton lyrique se manifeste dans les marques de la première personne, signes de l'expression d'un sentiment personnel dont je ne sais pas ma voisine et par l'emploi répétitif de l'apostrophe ô ma voisine ô fée ô grappe ô songe ô vous L'apostrophe du troisième quintile, Ô songe de mensonge montre que la lucidité du poète sur le tableau qu'il brosse ne l'empêche pas de s'exalter à partir d'une vision fugitive. [...]
[...] Cette dernière, en s'appuyant sur une omniprésence des vocatifs ô et des répétitions des trois mots féminins, voisine fée et Mélusine signale le lyrisme d'un poète porté à l'exaltation et à la rêverie poétique. Conclusion : L'évocation de la figure féminine constitue un thème majeur dans l'œuvre d'Apollinaire et, quelle que soit son implication affective, elle nourrit toujours sous une forme idéalisée la création poétique. Elle témoigne ainsi d'un imaginaire habitué à saisir dans la réalité des éléments à sublimer par le jeu du langage. Le langage poétique permet à Apollinaire de dépasser la banalité d'une situation et d'une évocation, pour crée des images révélatrices d'un moi exalté. [...]
[...] II Une femme rêvée En effet, cette femme dont Apollinaire déclare ne pas avoir le nom alors qu'elle est sa voisine incarne le point de cristallisation d'un rêve dont le poème devient l'expression. Au premier vocatif ô ma voisine en succède un second ô fée dont la connotation de merveilleux assure du réel. Dès lors, un réseau lexical de l'onirisme et du surnaturel parcourt le poème mirage songe fabuleux miraculeuse et construit un univers de métamorphoses où s'impose la figure légendaire de Mélusine Ainsi, la femme rêvée et nommée estompe la femme réelle mais anonyme. [...]
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