Commentaire composé semi-rédigé du poème "Alcools" d'Apollinaire intitulé Les Colchiques.
[...] Si le thème traité par Apollinaire reste classique, ce texte peut être cependant considéré comme le tombeau du sonnet. Lecture : Les colchiques Le pré est vénéneux mais joli en automne Les vaches y paissant Lentement s'empoisonnent Le colchique couleur de cerne et de lilas Y fleurit tes yeux sont comme cette fleur-la Violatres comme leur cerne et comme cet automne Et ma vie pour tes yeux lentement s'empoisonne Les enfants de l'école viennent avec fracas Vêtus de hoquetons et jouant de l'harmonica Ils cueillent les colchiques qui sont comme des mères Filles de leurs filles et sont couleur de tes paupières Qui battent comme les fleurs battent au vent dément Le gardien du troupeau chante tout doucement Tandis que lentes et meuglant les vaches abandonnent Pour toujours ce grand pré mal fleuri par l'automne Guillaume Apollinaire (1880 - 1918) Un thème classique : La blessure mortelle distillée par les yeux de l'amante constitue un thème traditionnel de la poésie amoureuse, notamment de la tradition pétrarquiste (par exemple le poème de Du Bellay Ces cheveux d'or). [...]
[...] illustre aussi physiquement Ce sonnet défiguré est à la fois le signe que cette forme ne correspond plus aux sensibilités des poètes modernes mais aussi un formidable hommage à l'emblème de la poésie française et à sa puissance créatrice. Conclusion : L'empoisonnement est tragique car la beauté des fleurs/du regard masque une issue fatale. Apollinaire réunit sans doute dans cette évocation ses amours malheureuses (notamment Annie Playden et Marie Laurencin) mais parvient, par le jeu sur la forme, à rénover ce thème pourtant classique. [...]
[...] On retrouve donc la matrice du sonnet, à ceci près que de la disposition initiale il ne reste que le dernier tercet et les reprises des sonorités des huit premiers vers (les deux quatrains du sonnet). La forme de l'alexandrin subit des transformations analogues : alors qu'il est employé de manière régulière dans les premiers vers, il se défait ensuite, par exemple aux vers et 14 qui souffrent d'un excès de syllabes. C'est donc tout le poème qui joue sur les formes canoniques, en les faisant sortir de leurs En partenariat avec www.bacfrancais.com normes. Ce jeu, cet écart l'empoisonnement du poète. [...]
[...] II) Le tombeau du sonnet : Ce poème n'offre nullement l'apparence d'un sonnet, genre-roi de la poésie française : il n'en a ni la disposition strophes au lieu de 2 quatrains suivis de 2 tercets), ni le nombre de vers (15 au lieu de 14). Pourtant le retour des rimes en one automne et empoisonne et en a lilas là fracas harmonica met en évidence une régularité qui rappelle celle du sonnet que la rime en deux sons frappât huit fois l'oreille prônait Boileau pour les quatrains dans son Art Poétique). Seuls les vers 2 et 3 semblent poser problème par leur brièveté et par le fait que le vers 2 ne rime avec aucun autre. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture