Guillaume Apollinaire (1880-1918) est l'un des poètes français majeurs du début du XXème siècle. Il est également l'auteur de nouvelles et de romans érotiques, et l'un des précurseurs du surréalisme. En 1913 est publié son recueil Alcools, dont est tiré le poème étudié, « Automne malade ».
En effet, il s'agit d'une saison chère à Apollinaire, notamment parce qu'elle correspond bien à ses états d'âme. C'est pour cette raison que l'on retrouve cette thématique dans « Automne » ou encore « Rhénane d'automne » (...)
[...] La liberté de versification Sur le plan même de l'écriture, Apollinaire est novateur. Il écrit en vers libre et ne respecte aucun type particulier de rhétorique, allant jusqu'à nier l'existence de la négation dans son poème. Tout passe donc par les rythmes, les sonorités, le non-dit et la suggestion plutôt que l'explicite. Il fait donc preuve d'une grande confiance dans la puissance de l'image poétique. Cela nous permet de lire ce poème en en ressentant la spontanéité aussi bien que l'émotion. [...]
[...] Le poète sait observer la faune. On voit d'ailleurs que les animaux anticipent déjà l'hiver ; le brame des cerfs a eu lieu, leur longue plainte a mêlé amour et fin d'une saison. C'est donc la nature dans son ensemble qui pressent le destin du temps qui passe et qui la renouvelle. Même le vent et les forêts pleurent ; le poète les a dotés de capacités humaines. Mais l'ensemble de ces réactions crée une harmonie totale qui rend Apollinaire à la fois triste et contemplatif. [...]
[...] A travers tous ces éléments de tourment, c'est une nostalgie inquiète qui se dessine. Il faut se dépêcher d'aimer, de contempler, d'apprécier, car l'automne déjà se fait envahir par l'hiver. A l'apaisement du poète Puis cette inquiétude et cette violence de l'urgence évoluent vers un ton plus mélancolique et nostalgique que véritablement désespéré. La nature, finalement, reste un refuge protecteur pour le poète. Le rythme des vers change avec elle, et s'efface peu à peu dans un silence presqu'assourdissant. Le poète semble s'apaiser lentement avec elle, dans une lente agonie complice. [...]
[...] Par exemple, il se concentre sur les signes annonciateurs de l'hiver plutôt que sur les couleurs de l'automne. Ensuite, il présente cette même saison comme malade et pitoyable. Cette image de la maladie est à la fois poétique et originale. Les fruits tombent sans qu'on les cueille le vent et la forêt pleurent et les sonorités accentuent la perception. Apollinaire s'autorise même le tutoiement de la saison, notamment pour lui prédire sa déchéance imminente : meurs tu mourras Il y a quelque chose d'implacable dans sa manière d'écrire l'automne malade. [...]
[...] On comprend alors que le temps qui s'envole s'impose au poète d'une manière obligatoire ; mais ce dernier accepte cette fatalité avec résignation et calme. La vie s'écoule c'est ainsi. Le choix du lyrisme Ce choix du lyrisme dans les thèmes abordés (nature, temps qui passe, position relative de l'homme au cœur des éléments) fait de ce poème une œuvre littéraire ancrée dans une tradition. De nombreux poètes et artistes ont en effet exploité ce thème de l'agonie des saisons et de l'automne avant lui. Or Apollinaire a été très influencé ou admiratif de poètes tels que Ronsard et Verlaine. [...]
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