Écrit en 1912 et intégré au recueil <em>Alcools</em>, publié en 1913, ce poème est inspiré par la rupture avec Marie Laurencin. Il semble qu'Apollinaire se complaise mélancoliquement dans les poèmes de « fin d'amour », car l'amour, plus que tout autre sentiment, porte en lui le poids de la fuite du temps et rappelle que l'existence n'est qu'un éternel adieu. Le poète, immobile sur le pont Mirabeau, voit passer l'eau comme passent l'amour et l'existence. (...)
[...] Ainsi, au début du poème nous avons l'exposé des sentiments personnels d'Apollinaire, liés au passage du temps et de l'amour: le poème s'assimile alors à une élégie; cependant, par la suite, le propos s'ouvre et nous avons une réflexion quasi philosophique sur le temps. II La souffrance du poète: La place du je du poète: Le je du poète montre sa solitude, voire la fatalité que lui impose le souvenir. En effet, notons la fonction grammaticale du je dans la première strophe: il est en position de COD, comme si le poète était victime de ce souvenir obsédant. Il est véritablement victime, objet de cette passion, n'est pas sujet, ne la domine en rien. [...]
[...] En outre, dans l'imaginaire collectif, la nuit est porteuse de solitude et de mort, et l'heure est la marque de l'écoulement du temps. Comme le pont, le retour de ce refrain incarne la permanence du souvenir dans l'esprit du poète. Le refrain marque l'angoisse de la solitude, de la permanence; ce qui échappe, c'est la vie. En outre, l'angoisse du poète est particulièrement repérable dans la troisième strophe, dans laquelle figure une antithèse: la contradiction entre les deux expressions exclamatives - Comme la vie est lente et comme l'Espérance est violente - marque l'incapacité du poète à vivre: il y a un décalage entre la conscience et la vie, il ne peut saisir le sens de sa vie. [...]
[...] (élégiaque: regret d'un bonheur passé; Apollinaire est dit le dernier des élégiaques».) La fuite du temps: Le thème principal de ce poème est la fuite du temps. En effet, il se fonde sur un abondant champ lexical de la fuite du temps: coule vienne les jours s'en vont passe s'en va courante passent reviennent les jours s'en vont Dans ce lexique, le passage du temps est assimilé au passage de l'eau. Cette association est certes, banale, par sa fréquence dans la littérature, mais elle se retrouve dans toutes les strophes grâce aux anaphores et aux allitérations: - 1ère strophe: allitération en l et m - 2ème strophe: allitération en s et l anaphores de mains et de face - 3ème strophe: anaphore de comme de l'amour s'en va effet d'écho entre la vie est lente et violente (écholalie); - 4ème strophe: anaphore de l'adverbe de négation ni Ainsi, au thème de la fuite du temps, répond l'écoulement musical du poème. [...]
[...] Lecture analytique Alcools de Guillaume Apollinaire Analyse de Le pont Mirabeau ID FDL : 346 Alcools de Guillaume Apollinaire : Le Pont Mirabeau Sommaire : Introduction I S'agit-il d'un poème élégiaque ? La fuite du temps Le souvenir des amours II La souffrance du poète La place du je du poète L'angoisse du poète Travail : Écrit en 1912 et intégré au recueil Alcools, publié en 1913, ce poème est inspiré par la rupture avec Marie Laurencin. Il semble qu'Apollinaire se complaise mélancoliquement dans les poèmes de fin d'amour car l'amour, plus que tout autre sentiment, porte en lui le poids de la fuite du temps et rappelle que l'existence n'est qu'un éternel adieu. [...]
[...] Ce je s'efface par la suite, dépersonnalisant le poème. Néanmoins, nous notons sa présence dans le refrain: il désigne l'auteur au moment où il écrit; c'est aussi celui qui veut, par le poème, fixer ses souvenirs. Le refrain a la fonction de rendre la conscience permanente, de rappeler sans cesse l'écoulement du temps et la dégradation progressive qui y sont liés. Mais la fonction principale de ce je est d'accentuer la solitude du poète; il ne cesse de revenir, de rappeler son existence et, par conséquent, sa solitude. [...]
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