Ce poème extrait du recueil Alcools, est composé de deux strophes de quatre vers chacune, ils sont tous octosyllabiques (vers de huit pieds) et sans aucune ponctuation.
Il ne porte pas de titre, donc le titre du recueil le coiffe directement ; il lui confère sa lumière propre et permet que les autres poèmes résonnent à travers lui (...)
[...] On perçoit que le dernier vers nous impose d'élever la voix, d'ouvrir la gorge pour laisser place à une énergie de vie renouvelée ? D'où cela vient-il ? - le ton triste et la voix basse, voire dramatique en fin de strophe puis l'illumination et le ton plus optimiste à partir de la seconde strophe. Pourquoi faire ce choix ? La lecture oralisée permet en tout cas de sentir un contraste entre les premiers et les derniers vers ; pourtant, la situation objective n'a pas changé : . [...]
[...] Comment le poète vit-il son emprisonnement ? En prolongement et transition vers la suite, on peut revenir au titre du recueil : Alcools. Qu'apportent donc ces alcools ? Un réconfort, une ivresse mais comment et pour échapper à quoi ? Si ces alcools n'ont pas de nom (tout comme le poème sans titre) c'est qu'ils sont d'une autre nature et qu'il faut entendre le mot de façon métaphorique. On peut maintenant faire à des repérages sonores et visuels plus précis au fil du texte. [...]
[...] - La solitude, l'enfermement se déploient puis finissent par se contredire eux-mêmes. On passe par exemple de : «prisonnier sans horizon prison cellule à seuls (au pluriel, donc à plusieurs, donc pas seul). - De même, l'ombre et la lumière s'opposent et se succèdent, par exemple, sans horizon ciel hostile murs nus mais une lampe Belle clarté - L'opposition entre je et nous : le je est celui qui se révolte, proteste, cherche à s'évader, et ressent de la tristesse. [...]
[...] Ce blanc, cette béance absente ne laissent-ils pas plus de place à l'imagination du lecteur ? On pourrait essayer donner des exemples de titres : En prison Seul dans ma cellule Enfermement etc. Mais qu'apporterait un titre ? Sans doute pas grand-chose de différent dans ce poème ; il a même tendance à restreindre le sens du poème et à contraindre l'interprétation. En outre, il est difficile de trouver un titre vraiment musical. On peut ainsi mieux comprendre le refus du titre : c'est un blanc, un vide, une parenthèse dans la vie du poète, à l'image de cette réclusion. [...]
[...] On peut là se demander ce qu'apporterait la ponctuation écrite : placer une virgule à la fin des vers et un point à la fin du vers 4 romprait la fuite du temps et des mots, imposerait un ordre. Ce n'est pas vraiment indispensable à la musique, ni au sens du poème. Dans la seconde strophe, placer une virgule au milieu du vers après s'en va et un point après prison (vers n'apporte rien de plus. Cela détruit la musique et rompt l'ambiguïté constitutive du poème. Il en va de même pour les deux derniers vers. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture