Guillaume Apollinaire publie en 1913 un recueil de poèmes d'une incroyable modernité poétique : Alcools. Le poème Les Colchiques s'inscrit dans la tradition de la poésie amoureuse tout en rénovant profondément son cadre formel. Si le thème traité par Apollinaire reste classique, ce texte peut être cependant considéré comme le tombeau du sonnet. (...)
[...] Le poème Les Colchiques s'inscrit dans la tradition de la poésie amoureuse tout en rénovant profondément son cadre formel. Si le thème traité par Apollinaire reste classique, ce texte peut être cependant considéré comme le tombeau du sonnet. Un thème classique : La blessure mortelle distillée par les yeux de l'amante constitue un thème traditionnel de la poésie amoureuse, notamment de la tradition pétrarquiste (par exemple le poème de Du Bellay Ces cheveux d'or). On retrouve, comme dans le sonnet de Louise Labé Je vis, je meurs, une structure circulaire : le dernier vers renvoie au premier non seulement dans les mots pré et automne sont repris tels quels ; vénéneux est repris par mal fleuri mais aussi dans les sonorités (reprise de la rime initiale en one ; le narrateur est prisonnier des charmes de celle qu'il aime et son désir devient une obsession. [...]
[...] On retrouve donc la matrice du sonnet, à ceci près que de la disposition initiale il ne reste que le dernier tercet et les reprises des sonorités des huit premiers vers (les deux quatrains du sonnet). La forme de l'alexandrin subit des transformations analogues : alors qu'il est employé de manière régulière dans les premiers vers, il se défait ensuite, par exemple aux vers et 14 qui souffrent d'un excès de syllabes. C'est donc tout le poème qui joue sur les formes canoniques, en les faisant sortir de leurs normes. Ce jeu, cet écart illustre aussi physiquement l'empoisonnement du poète. [...]
[...] Ce sonnet défiguré est à la fois le signe que cette forme ne correspond plus aux sensibilités des poètes modernes mais aussi un formidable hommage à l'emblème de la poésie française et à sa puissance créatrice. III) Conclusion : L'empoisonnement est tragique car la beauté des fleurs/du regard masque une issue fatale. Apollinaire réunit sans doute dans cette évocation ses amours malheureuses (notamment Annie Playden et Marie Laurencin) mais parvient, par le jeu sur la forme, à rénover ce thème pourtant classique. [...]
[...] La forme même du texte reflète la vie qui quitte lentement le poète : les strophes vont en se réduisant progressivement vers vers puis 3 vers). Cette structure qui meurt comme l'auteur illustre également le choix d'une forme poétique plus guère utilisée au siècle mais qu'Apollinaire rénove avec audace. II) Le tombeau du sonnet : Ce poème n'offre nullement l'apparence d'un sonnet, genre-roi de la poésie française : il n'en a ni la disposition strophes au lieu de 2 quatrains suivis de 2 tercets), ni le nombre de vers (15 au lieu de 14). [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture