Commentaire composé, entièrement rédigé, du poème Les colchiques extrait du recueil Alcools de Guillaume Apollinaire. Etude de l'analogie entre la femme aimée et cette fleur vénéneuse.
[...] Les colchiques est un poème d'amour champêtre. En effet, bien que le champ lexical de l'amour soit absent du texte, on relève de nombreuses comparaisons qui visent à assimiler la femme à une fleur, ce qui est souvent en poésie un gage d'amour. Ces comparaisons sont au nombre de cinq et elles sont toutes introduites par la copule comme et fonctionnent dans les deux sens. Ainsi, le poète établit tout d'abord une analogie entre la femme et la fleur (par exemple au vers 5 : tes yeux sont comme cette fleur-là analogie qui a tendance à s'inverser par la suite puisque les colchiques deviennent peu à peu le comparé, et la femme le comparant (cf. [...]
[...] Dans les deux cas, ces exceptions ont pour but de ralentir le rythme du poème. Ensuite, comme nous l'avons déjà vu, contrairement à un sonnet classique, Les colchiques comporte quinze vers, qui sont organisés de la sorte : nous avons tout d'abord un septain, puis un quintile, et enfin un tercet. Les strophes sont donc composées d'un nombre impair de vers, ce qui donne au poème un aspect bancal. Elles sont également de plus en plus courtes, comme si le poème avait été étiré le plus possible. [...]
[...] Bien qu'il vécût avant la naissance du Surréalisme, on rapproche souvent Apollinaire de ce courant d'esprit. En effet, l'ensemble de son œuvre, de par sa modernité, présente une parenté certaine avec le mouvement créé dans les années 1920 par André Breton. Ainsi, son recueil de poèmes publié en 1913, qui avait tout d'abord été intitulé Eau de vie puis a finalement été rebaptisé Alcools, nous livre des textes divers dans lesquels la ponctuation est absente et qui sont caractérisés par une évidente fluidité d'écriture. [...]
[...] Dans la première strophe, on relève toutefois des indices d'énonciation qui trahissent leur présence à tous deux : tes yeux v.5 et ma vie v.7. Le locuteur se sent donc directement impliqué, puisqu'il dit que vie ( ) s'empoisonne par la faute de la femme à qui le poème s'adresse. Puis, dans la deuxième strophe, le locuteur s'efface devant l'irruption des enfants il se contente de visualiser la scène. Sa position est plus éloignée, elle est celle d'un spectateur passif. Le pronom personnel tes (v.11) indique par contre que le destinataire est toujours présent, même si son image commence à s'estomper. [...]
[...] note en bas de page Hoquetons : vestes de grosse toile mais qui apporte à la composition un charme désuet. D'ailleurs, l'importance accordée à la musique (le poème précise que le gardien du troupeau chante v.13 et que les enfants jouent de l'harmonica v.9) vient atténuer cette impression de rusticité, et confère au texte un caractère de douceur et de tranquillité. Le poème semble effectivement vouloir donner l'illusion d'une atmosphère paisible. Cette impression est présente en partie grâce à la répétition de l'adverbe lentement (v.3 et qui est accompagné de l'adjectif lentes (v.14) et de l'adverbe doucement (v.14). [...]
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