Dans Les Antiquités de Rome, Du Bellay médite sur le peuple romain et sa destinée incroyable : sa croissance progressive, jusqu'au plus haut de sa grandeur, puis sa chute, brutale, et inattendue. Le recueil est composé de 32 sonnets Du Bellay s'émerveille véritablement sur ce qu'était cette ville, et déplore ce qu'elle est devenue. En effet, durant son voyage à Rome, il ressent une vive déception, lui qui ne connaissait Rome qu'à travers Virgile et Pétrarque. Il regrette la Rome antique, et reproche aussi aux hommes leur vanité et la fragilité de ce qu'ils construisent face aux éléments naturels. Malgré leurs envies et leurs constructions pharaoniques, tout est redevenu poussière (...)
[...] La comparaison peut être un moyen pour le lecteur de s'identifier au poème, de se comparer, à son tour, à ces Romains, et de se rendre compte de la puissance de la nature, et de la fragilité de l'homme. Du Bellay, à travers ces comparaisons, montre tout son désarroi et une profonde mélancolie qui émane de ces quelques vers. De plus, la triple comparaison de ce sonnet peut être approfondie : no pourrait penser que ce n'est pas le sujet qui est la matière du texte, mais plutôt l'écorce, «l'armature» qui l'encadre comme dirait F. Gray. [...]
[...] On peut enfin noter une opposition entre rêves et réalités, les débuts de sonnets étant en général des songes, et la fin marque un retour soudain à une réalité assez difficile. On le voit par la rupture de l'anaphore dans le XVI, dont le dernier tercet commence par Erra la monarchie» alors que les trois strophes précédentes étaient assez abstraites, ou dans le XV avec l'évocation de fantômes, d'Esprits, des rivières de l'Enfer, puis soudainement de ruines : Quand quelquefois de ces costaux romains / Vous contemplez l'ouvrage de vos mains/ N'être plus rien qu'une poudreuse plaine Les oppositions sont donc bien fréquentes et font, pourrait-on dire, la base du poème. [...]
[...] On pourrait en déduire, qu'à travers cet effet de répétitions, d'histoire lancinante, d'accord parfait entre la métrique et a syntaxe, le fond et la forme, Du Bellay cherche à crée une véritable poétique de l'effacement. Il est dans la mimesis de la ruine : il cherche, pourrait-on croire, à recréer dans ses tournures de phrases, mais aussi dans son choix des mots, et des rimes, une atmosphère de l'absorption, de la disparition, tout comme celle de la Rome antique, à travers ces positions régulières des verbes, des noms. [...]
[...] Il est difficile de ne pas être frappés par la connivence parfaite entre ces deux notions. Aucune surprise, aucune audace. La métrique et la syntaxe sont en parfait accord, dans les deux poèmes. Dans le XV, ce sont des décasyllabes parfaitement régulier, et en adéquation avec la syntaxe : les relatives, en début de vers, comporte quatre syllabe : «Qui jouissant» et Dont nous voyons», les rimes sont en et la premières et la dernières ont le même nombre de syllabes. [...]
[...] On peut penser que Du Bellay de cette manière voulu placer les Esprits, les fantômes des romains face à leur vanité, et aux ravages du temps qui passe. Malgré leurs «ouvrages», tout n'est que cendres et poussière : la question rhétorique est surtout utilisée dans la rhétorique judiciaire. Aussi, cette question est une façon de mettre les Romains à la barre des accusés, de les montrer du doigt. Nous pouvons ensuite relever la périphrase, toujours dans ce premier sonnet, notamment au premier vers Pâles Esprits, et vous, Ombres poudreuses». [...]
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