Ces textes, prologues des pièces Antigone, l'une de Sophocle, l'autre, réécriture du mythe, de Cocteau, ouvrent donc les pièces, remplissant les fonctions d'informations et de crise, le climat dramatique étant un élément important typique de la tragédie tant française que celle de l'antiquité grecque. Chaque scène dévoile dès lors au spectateur les caractères opposés des deux soeurs mais aussi ce qui les lie. Afin d'éclairer la richesse de ces passages, nous expliquerons, dans un premier temps, le fait que ces prologues accomplissent leurs rôles d'une scène d'exposition d'une tragédie ; dans un second temps, nous aborderons le fait qu'il s'agisse d'un conflit dont émerge le caractère très contradictoire des deux soeurs ; dans un dernier temps, nous évoquerons ce qui, cependant, les rattache.
Le prologue remplit sa fonction d'information : le dialogue d'Antigone et d'Ismène, aussi bien chez Sophocle que chez Cocteau, apprend au spectateur à la fois l'édit de Créon et la décision d'Antigone d'aller enterrer son frère. Antigone révèle donc la situation qui donne son point de départ à la pièce. En effet, Créon fait honorer le cadavre d'Etéocle, mais refuse la sépulture à celui de Polynice : "Créon, pour leur funérailles, distingue entre nos deux frères : à l'un il accorde l'honneur d'une tombe, à l'autre, il inflige l'affront d'un refus !" (Sophocle) - remarquons que cette distinction est mise en relief par un parallélisme "à l'un" et "à l'autre", "Pour Etéocle" et "pour l'autre, Polynice"-, "Créon ne donne-t-il pas la sépulture à l'un de nos frères et ne refuse-t-il pas à l'autre" (Cocteau), formulée sous forme d'une question rhétorique et d'un parallélisme de construction. Puis Antigone annonce à Ismène son intention d'ensevelir malgré tout le corps :
"Aideras-tu mes bras à relever le mort ?" (Sophocle),
"ANTIGONE : Décide si tu m'aides
ISMENE : A quoi ?
ANTIGONE : A soulever le mort" (Cocteau)
La situation générale, c'est-à-dire la guerre des Sept Chefs contre Thèbes, la mort d'Etéocle et de Polynice, y est présentée. Ismène ajoute l'information essentielle qui situe le moment de l'action : "L'armée d'Argos est partie cette nuit" (Sophocle), "Depuis que nos deux frères se sont entretués, depuis que la troupe des Argiens a disparu" (Cocteau). Les informations apportées par cette scène d'exposition sont énoncés de façon différente selon la tragédie de Sophocle ou la réécriture de Cocteau (...)
[...] Ismène rapporte le fratricide aussi : nous avons perdu nos deux frères, morts en un seul jour sous un double coup (Sophocle), Depuis que nos deux frères se sont entretués (Cocteau). Etéocle ne voulant céder le trône à son frère Polynice, ce dernier partit combattre sa cité, Thèbes, à l'aide de Sept Chefs, afin de récupérer le trône (il était convenu entre les deux frères que chacun aurait le trône à tour de rôle). Les deux frères se sont dès lors opposé lors d'un combat, et se sont entretués. [...]
[...] En sais-tu quelque chose ? En as-tu perçu un écho ? Ou vraiment ignores-tu que le malheur est en marche, et que ceux qui nous haïssent visent ceux que nous aimons ? (Sophocle) ANTIGONE : Ismène, ma sœur, connais-tu un seul fléau de l'héritage d'Œdipe que Jupiter nous épargne ? Eh bien, je t'en annonce un autre. Devine la honte que nos ennemis préparent contre nous. (Cocteau) On observe aussi de nombreuses stichomythies chez Cocteau tout le long du passage. [...]
[...] C'est qu'il ne prend pas la chose à la légère : au rebelle il promet la mort, la lapidation sur notre acropole. Tu connais les faits : tu vas, je pense, nous montrer sans retard si tu es digne de ton sang, ou si, fille de braves, tu n'as qu'un cœur de lâche. Ismène - Mais malheureuse, si l'affaire en est là, que puis-je, moi ? J'aurai beau faire, je n'y gagnerai rien. Antigone - Vois si tu veux lutter et agir avec moi. [...]
[...] Du moins je n'en courrai pas qui puisse me mener à une mort honteuse. Ismène - A ton gré, pars ; mais sache, en partant que tu restes, en dépit de ta folie, justement chère à ceux qui te sont chers. Antigone Cocteau Prologue Commentaire Ces textes, prologues des pièces Antigone, l'une de Sophocle, l'autre, réécriture du mythe, de Cocteau, ouvrent donc les pièces, remplissant les fonctions d'informations et de crise, le climat dramatique étant un élément important typique de la tragédie tant française que celle de l'antiquité grecque. [...]
[...] Plus tard, ce seront les liens du sang qui pousseront Ismène à vouloir suivre Antigone dans la mort. Les relations familiales, pour Antigone, ce sont les liens du sang (les liens par alliance compte peu apparemment pour elle) qui se manifestent chez elle sous le mode de la fusion. Tant pour Antigone que pou Ismène, ces relations familiales intègrent l'individu dans un tout qui la dépasse et justifient le sacrifice de la vie même, puisque l'individu n'a pas d'existence propre en dehors de la famille. [...]
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