Antigone à Molenbeek, Stefan Hertmans, 2017, sens, confrontation, personnages, Nouria, Crénom, enjeux, conflit, théâtre, mythe d'Antigone, tyrannie, 2016, antiphrase, dialogue, enjeu politique, rapprochement
« Antigone à Molenbeek » est une oeuvre de 2017 de Stefan Hertmans, auteur belge né en 1951. L'oeuvre est écrite selon un monologue et des dialogues théâtraux.
Il s'agit en réalité d'une réécriture du célèbre mythe d'Antigone, qui est aussi une jeune fille victime de la tyrannie d'un homme qui refuse de la comprendre et lui impose un choix dont elle ne veut pas entendre. Cette nouvelle Antigone se prénomme Nouria et vit à Molenbeek. Dans l'extrait soumis à notre étude, nous comprenons que son frère vient de commettre un attentat suicide, non sans rappeler les attentats meurtriers de Bruxelles en 2016. Nouria souhaite offrir une sépulture digne à son frère. Toutefois, l'agent Crénom s'oppose à elle et refuse catégoriquement de lui transmettre les informations qu'elle demande sur son frère.
[...] D'office » L'auteur utilise ici l'antiphrase pour montrer que l'agent ironise et se moque ouvertement de Nouria, on comprend ainsi qu'il ne comprend pas la position de Nouria. Son souhait de vouloir rendre hommage à son frère lui est complètement incompréhensible face aux actes que ce dernier a pu commettre. On relève d'ailleurs que le comportement de Nouria lui est presque reproché par l'agent : « Tu sais bien que ton frère est en quelque sorte un ennemi public, enfin, pardon, était, pas vrai Nouria ? Tu sais qu'il n'a pas seulement trahi l'état de droit, mais aussi ta propre communauté ? ». [...]
[...] L'agent, nommé Crénom est avant tout un personnage ambivalent. En effet, il se présente d'abord comme une sorte de père qui tente de ramener Nouria à la raison. Il semble la connaître depuis toujours et utilise de nombreux mots affectifs pour s'adresser à Nouria : « Voyons, ma petite » ; « Allons, jeune Nouria, allons, ma fille ». Il se montre même bon et doux, dans une certaine mesure, pour cela, l'auteur utilise un euphémisme « Écoute bien, Nouria : ton frère n'est plus là » ainsi l'agent utilise plutôt une expression atténuer pour dire que son frère est mort. [...]
[...] Antigone incarne la voix féminine intérieure souffrante et qui se bat, face à la loi masculine de son oncle, le Roi, qui incarne la raison et les discours du pouvoir. On retrouve également Nouria à travers cette description, d'autant plus que Nouria est finalement surnommée « Antigone à Molenbeek ». Cependant, Nouria est en réalité une héroïne contemporaine. Qui, à nouveau, est une victime, moins du destin que des hommes qui se substituent à lui. Antigone et Nouria incarnent toutes les deux l'allégorie de la résistance. [...]
[...] Finalement, l'auteur a écrit dans un style volontairement proche des lecteurs. Il met en exergue deux positions qui s'affrontent : la morale et la politique de l'autre. Les deux positions se défendent et l'on ne saurait trancher ni prendre parti. Toutefois, Nouria appelle l'empathie tant sa demande est légitime. Elle reste toutefois incomprise et ignorée par l'État, la justice et même l'opinion publique. [...]
[...] En 2016, la ville de Molenbeek en Belgique a fait l'objet d'attentats terroristes et est ainsi devenue tristement célèbre. C'est ainsi que l'auteur a ici souhaité plonger le lecteur à travers un aspect de cette tragédie que personne ne voit. Nous sommes ici face à l'administration et la famille du défunt criminel ayant attenté à la vie d'autres personnes et plus généralement aux valeurs prônées par une société entière. C'est ainsi que nous avons affaire à deux types d'enjeux différents qui s'opposent : d'un côté les enjeux politiques liés à la répression et la condamnation d'actes terroristes que l'agent représente « Ton frère est un traître, hostile à la société de tolérance, à tout ce qui te permet de vivre ta vie, c'est un valet de la terreur et de la violence aveugle ». [...]
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