Antigone est un des nombreux mythes occidentaux repris par les auteurs tragiques grecs et surtout par Sophocle (Ve siècle av. J.-C.). Il sera, en 1944, adapté sous une forme plus moderne par Jean Anouilh, écrivain et dramaturge français. Il la rédigera pendant la seconde Guerre mondiale, avec la résonance de la tragédie dont le peuple était alors victime. Présentée sous l'Occupation, l'Antigone d'Anouilh met en scène un personnage en révolte face au pouvoir, à l'injustice et à la médiocrité.
Ce personnage, Antigone, qui donna son nom à la pièce, fille d'Oedipe et de Jocaste, est en révolte contre la loi humaine qui interdit d'enterrer le corps de son frère Polynice. La jeune fille, partagée entre la jeunesse et l'âge adulte, vit difficilement les problèmes de la lutte de la justice contre la tyrannie, la lutte du sacré et du profane. Ainsi, elle deviendra l'allégorie de la Resistance, s'opposant aux lois instaurées par Pétain (et dans le mythe, par Créon). La partie étudiée est le prologue dont nous souhaitons montrer l'originalité.
[...] Un registre familier et des expressions de la langue courante, non utilisés durant l'Antiquité se manifestent également la petite maigre là bas il n'y a rien à faire et voilà il a été trouvé Antigone il a retroussé ses manches ; cela ne correspond pas au langage soutenu des tragédies. En plus de l'utilisation des anachronismes, Jean Anouilh modifie les apparences physiques des personnages. En effet, Antigone, qui, chez Sophocle est décrite comme belle et mince, est, pour Anouilh, insignifiante, discrète, petite, maigre, sans charme particulier maigre jeune fille noiraude et renfermée Il en est de même pour Ismène et Créon. [...]
[...] L'auteur lui accorde beaucoup d'importance et l'histoire est centrée sur elle l'histoire d'Antigone Sa description physique est accentuée par sa jeunesse et son dépouillement elle est jeune la petite maigre noiraude De plus, ce personnage marginal, obstiné et révolté, est marqué par la solitude : on la retrouve à plusieurs reprises seule, assise à l'écart des autres personnages assise là bas dans un coin seule face au monde Elle prendra par la suite de l'importance elle va surgir se dresser seule défendant ses idées contre tous. L'idée de la mort apparaît plusieurs fois, Antigone est soumise à un destin, une fatalité, qui font d'elle un être mélancolique yeux graves petit sourire triste , elle aurait bien aimé vivre , elle s'éloigne Sa description psychologique est définie par l'idée de révolte, de solitude et de mort prochaine. Contrairement à Antigone, Ismène présente des traits physiques et psychologiques opposés à sa sœur Antigone. [...]
[...] Dans ce texte, Jean Anouilh fait ainsi preuve d'une grande originalité par sa nouvelle interprétation du rôle du prologue, comme personnage omniscient, comme annonciateur des lieux (bal, Thèbes), des personnages, par une présentation physique et psychologique, ainsi que du mythe d'Antigone, en rappelant le décès de ses parents, la tragique fin de ses frères, et le couronnement de Créon. Ce nouveau personnage relie les spectateurs aux acteurs et retarde l'entrée dans l'illusion théâtrale. Cette originalité se définit également par la modification des aspects physique et moral des personnages. [...]
[...] La fatalité arrivera lorsqu'elle se donnera la mort, se tueront aussi son fiancé Hémon, et Eurydice (la mère de Hémon). Ce qui explique la présence de la mort dans ce texte et la fatalité du destin tragique du mythe d'Antigone. Jean Anouilh conserve un grand nombre d'éléments, par rapport à l'œuvre de Sophocle et respecte le schéma historique de cette famille. En effet, les personnages ont la même place sociale et généalogique (Antigone reste la fille d'Œdipe, nièce de Créon contre qui elle s'oppose) : les personnages importants sont dans leur rôle. [...]
[...] Créon, lui, est défini par le vieillissement, à la différence de la jeunesse d'Antigone, sa future belle- fille : homme robuste cheveux blancs il a des rides, il est fatigué Il éprouve des difficultés à remplir son rôle de roi, qui s'oppose directement à ses goûts il a laissé les livres, ses objets et fait son devoir en assumant une fonction non désirée il a retroussé ses manches L'auteur aborde dans les deux derniers paragraphes Œdipe, père d'Antigone et d'Ismène, ancien roi maudit qui tua son père et épousa sa mère du temps d'Œdipe Il fait également allusion aux deux frères d'Antigone, Étéocle et Polynice, qui se sont entretués pour obtenir le trône ses fils sont morts Suite à ces décès, Créon, leur oncle, légitime successeur, exerce alors le pouvoir de roi et refuse d'ensevelir Polynice pour sa bataille contre Thèbes à l'aide d'armées étrangères. Ici s'explique le combat d'Antigone, désirant enterrer son frère et lui donner accès au paradis. [...]
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