La scène initiale, dans une pièce qui ne comporte ni actes, ni scènes, est une exposition, au sens littéral de ce mot, faite par un personnage, « Le prologue », sous la forme d'un monologue adressé au public.
Bien que ce "prologue" rappelle la tragédie antique, il semble bien différent et très original en remplissant sa fonction d'éclaircissement et en apportant une réflexion sur le genre.
Nous verrons ainsi qu'il s'agit d'une scène d'exposition moderne et originale, puisque le prologue présente une galerie de portraits et de rôles qui met en évidence le caractère fatal de la pièce (...)
[...] Antigone se dresse . en face de Créon qui est pourtant son oncle et qui l'a élevée comme si elle était sa propre fille. Les contrastes sont manifestes également entre la famille royale et le peuple, entre ceux qui sont solitaires et ceux qui sont en compagnie, entre la joie et la tristesse, entre le mouvement et l'immobilité. Le champ lexical de la mort est présent dans tout le passage et le caractère fatal du destin est souligné constamment par le Prologue ; elle s'appelle Antigone et il va falloir qu'elle joue son rôle jusqu'au bout le messager sait déjà . [...]
[...] C'est donc que le dramaturge a mis l'accent sur autre chose, sa propre conception de la fatalité tragique, et une vision pessimiste de la condition humaine. La tragédie est ainsi un genre prisé dans la littérature du XXe siècle, pour illustrer sans doute le chaos de cette époque, le désespoir et l'absurdité, comme on peut le voir également dans l'œuvre de Jean Giraudoux par exemple, en particulier dans La guerre de Troie n'aura pas lieu. [...]
[...] Jean Anouilh (1910-1987), Antigone (1944), éd. de La Table Ronde, pp.9-13. Le prologue. Introduction : Jean Anouilh (1910-1987) est un des plus importants dramaturges français du XXe siècle, puisque sa production s'étend sur plus de quarante ans. A la fois écrivain et metteur en scène, il a travaillé avec de grands noms de la mise en scène contemporaine : Pitoëff, Barsacq ou J.L. Barrault. Antigone est une des pièces noires une tragédie écrite en 1942 mais qui fut jouée pour la première fois en 1944, avec une mise en scène de Barsacq. [...]
[...] Il emploie le présent, mais aussi le futur immédiat afin d'indiquer aux spectateurs que l'action va débuter aussitôt. Son propos est cependant sombre et tragique, avec une intensité croissante, puisque le terme mort termine celui-ci. Une exposition : Cette scène correspond à l'exposition au théâtre, mais sous une forme très originale. Les didascalies nous présentent un décor neutre terne et minimaliste. Les Trois portes semblables à l'arrière plan, expriment une impression d'enfermement, avec des personnages qui sont déjà pris dans le tourbillon de la tragédie. [...]
[...] La structure de cette tragédie correspond aussi à cette conception d'une machine infernale car l'œuvre est jouée sans aucune pose; il n'y a en effet ni scènes, ni actes, ce qui renforce l'intensité tragique et le poids du destin, comme si les héros se précipitaient vers celui-ci. Les anachronismes : Anouilh affirme l'intemporalité de la tragédie en semant la confusion chez le spectateur par les nombreux anachronismes. S'il s'agit bien du cadre mythique, Thèbes et les sept portes les très nombreuses allusions à l'époque contemporaine dans les comportements des personnages, en particulier des gardes, d'Ismène, d'Eurydice et même de Créon, avant qu'il ne devienne roi, indiquent que l'action pourrait aussi bien se situer aujourd'hui. [...]
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