Dans la fin de la pièce, l'héroïne condamnée se retrouve avec un garde en attendant son exécution. Enfin apaisée, elle semble se rendre compte de l'absurdité de son acte, avec amertume, et décide d'écrire une lettre à Hémon.
Ce passage dans la tragédie correspond donc aux dernières paroles de l'héroïne, et nous semble nous révéler la lucidité et une certaine humanité de la jeune fille.
Cette scène peut paraître étonnante par l'opposition entre les deux personnages, mais elle nous montre aussi une héroïne pathétique (...)
[...] Ce passage dans la tragédie correspond donc aux dernières paroles de l'héroïne, et nous semble nous révéler la lucidité et une certaine humanité de la jeune fille. Cette scène peut paraître étonnante par l'opposition entre les deux personnages, mais elle nous montre aussi une héroïne pathétique. I - L'opposition des deux personnages Une scène étonnante et incongrue Cette scène n'existe pas dans la tragédie de Sophocle, où un dialogue entre deux personnages de conditions aussi différentes ne serait pas possible. C'est avec dérision que l'héroïne dialogue avec le dernier homme qu'elle verra, comme elle le dit un peu avant ce passage. [...]
[...] (Elle est toute petite au milieu de la grande pièce nue. On dirait qu'elle a un peu froid. Elle s'entoure de ses bras. Elle murmure.) Toute seule . LE GARDE, qui a fini sa chique : Aux cavernes de Hadès, aux portes de la ville. En plein soleil. Une drôle de corvée encore pour ceux qui seront de faction. Il avait d'abord été question d'y mettre l'armée. Mais, aux dernières nouvelles, il paraît que c'est encore la garde qui fournira les piquets. Elle a bon dos, la garde! [...]
[...] LE GARDE, écrit, suçant sa mine. Je ne sais plus pourquoi je meurs . On ne sait jamais pourquoi on meurt. ANTIGONE : J'ai peur . (Elle s'arrête. Elle se dresse soudain.) Non. Raye tout cela. Il vaut mieux que personne ne sache. C'est comme s'ils devaient me voir nue et me toucher quand je serai morte. Mets simplement : Pardon. LE GARDE : Alors, je raye la fin et je mets pardon à la place? ANTIGONE : Oui. Pardon, mon chéri. [...]
[...] Le cadre vide et terne, grande pièce nue ajoute encore à son désespoir. Mais en étant confrontée ainsi à quelqu'un qui lui est complètement étranger, elle redevient un personnage humain, sensible, humble aussi. La confession et la prise de conscience La jeune fille avoue son angoisse, j'ai peur et ses remords : Je le comprends maintenant combien c'était simple de vivre C'est cette lucidité, trop tardive, qui en fait un personnage pathétique. Les interrogatives du début du passage montrent qu'elle n'avait pas mesuré véritablement les conséquences de son acte. [...]
[...] Jean Anouilh (1910-1987), Antigone (1944), le dénouement, pp. 110-116. ANTIGONE : Tu crois qu'on a mal pour mourir ? LE GARDE : Je ne peux pas vous dire. Pendant la guerre, ceux qui étaient touchés au ventre, ils avaient mal. Moi, je n'ai jamais été blessé. Et, d'un sens, ça m'a nui pour l'avancement. ANTIGONE : Comment vont-ils me faire mourir ? LE GARDE : Je ne sais pas. Je crois que j'ai entendu dire que pour ne pas souiller la ville de votre sang, ils allaient vous murer dans un trou. [...]
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