Nous savons qu'Antigone obéit à sa conscience et veut, malgré l'interdiction de Créon, ensevelir dignement son frère Polynice. Mais le roi de Thèbes souhaite la sauver et lui montre que Polynice était loin de mériter cet honneur. Maintenant Antigone est prête, semble-t-il, à accepter la solution proposée par son oncle. Mais la conception du bonheur que lui promet Créon lui apparaît si médiocre qu'elle va préférer mourir tout de suite (...)
[...] Ils te diront tous le contraire parce qu'ils ont besoin de ta force et de ton élan. Ne les écoute pas. Ne m'écoute pas quand je ferai mon prochain discours devant le tombeau d'Étéocle. Ce ne sera pas vrai. Rien n'est vrai que ce qu'on ne dit pas . Tu l'apprendras toi aussi, trop tard, la vie c'est un livre qu'on aime, c'est un enfant qui joue à vos pieds un outil qu'on tient bien dans sa main, un banc pour se reposer le soir devant sa maison. [...]
[...] Soyons donc en garde contre les illusions de l'absolu. A la fin de la pièce, l'héroïne se suicide en quelque sorte, et ne sait plus donner un sens à son acte. [...]
[...] Le cinéma et la littérature ont souligné le cas de ces jeunes qui se sont engagés dans la Résistance et ont donné leur vie pour la France. Certains ont connu la gloire, d'autres sont morts obscurément. Aujourd'hui même, d'autres s'engagent comme médecins ou infirmiers dans des missions humanitaires, parfois périlleuses. Certes, le choix d'Antigone n'est pas celui de toute la jeunesse. Mais il est certain que son attitude entraîne la sympathie de beaucoup de gens, jeunes et adultes. La jeunesse a toujours manifesté le besoin de s'exalter et de s'engager dans de grandes causes, qu'elles soient politiques, sociales, humanitaires ou religieuses. [...]
[...] Elle a compris qu'elle ne pourra connaître dans cette vie ni le Bonheur absolu, ni la Justice absolue, ni la véritable Pureté. Ainsi, Antigone veut tout et tout de suite, ou mourir. On songe ici à Hugo, à ce jeune intellectuel d'origine bourgeoise, dans Les mains sales de Sartre. Il s'en remet à des idées, à des abstractions, à la Justice absolue, car il ne peut supporter de voir Hoederer recourir au mensonge pour appuyer sa politique. La pureté, c'est très bien, nous dit Sartre, mais on ne peut gouverner les mains pures, à ne rien faire. [...]
[...] Deux conceptions de l'existence s'affrontent ici, pourrait-on dire, l'idéalisme et le réalisme. Nous avons devant nous deux personnes très différentes : l'une est un homme mûr qui a déjà vécu, l'autre appartient à la race des héros. Nous retrouvons dans cette longue scène une question essentielle qui se pose à tous : quelles sont nos raisons de vivre, et quelle est notre conception du bonheur ? Nous examinerons successivement les choix de Créon puis d'Antigone, avant de réfléchir sur notre propre conception du bonheur. [...]
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