Les Années, Annie Ernaux, écriture autobiographique, récit, ellipse, photographie, desciption, souvenir, mère de famille, complément circonstanciel, verbe d'état, immortalisation
L'extrait que nous avons à l'étude se situe dans la première moitié du récit. Ce dernier n'est pas divisé en chapitres : le texte défile à la manière du temps qui nous file entre les doigts et seuls quelques retours à la ligne et nouveaux paragraphes nous indiquent l'avancement temporel. Le récit est scandé par des descriptions de photographies représentées dans l'ordre chronologique, nous montrant Annie Ernaux enfant, puis adolescente et enfin jeune adulte. Dans le passage précédent, Annie Ernaux n'était encore qu'une étudiante, or cet extrait s'ouvre sur un cliché familial la représentant en tant qu'épouse et mère à Annecy, nous faisant ainsi prendre conscience d'une ellipse.
[...] L'expression « mémoire commune » est intéressante car c'est exactement ce qu'Annie Ernaux semble chercher à faire tout au long de son roman : construire une mémoire commune sur cette génération passée, empêcher le passé de s'effacer grâce aux futurs lecteurs des nouvelles générations. Le mot final de la phrase, « heureux », est isolé, en apposition et ainsi mis en exergue. Il rappelle l'ambiance de bonheur retranscrite tout au long de cette phrase, celui d'une famille vivant un dimanche ressemblant à tous les autres dimanches de leur vie de famille. [...]
[...] Encore une fois, Annie Ernaux emploie une phrase brève sans verbe d'état : « Au dos de la photo, rue de Loverchy, hiver 67. ». L'utilisation du style italique suggère au lecteur sans besoin de l'expliciter que c'est l'inscription que lit Annie Ernaux. La conjonction de coordination « donc » qui va suivre permet au lecteur de cerner le raisonnement de la narratrice : celle-ci se demandait qui avait pris le cliché et a eu la réponse en se remémorant avec qui elle se trouvait à cette période de sa vie. [...]
[...] Outre le fait qu'elle réussisse avec brio à narrer des faits vécus par elle et par toute une génération, elle se fait également la défenseuse des droits des femmes et dénonce les stéréotypes, ayant elle-même subi l'oppression de devoir donner le change en tant que « petite famille » nécessairement heureuse. [...]
[...] La suite de la phrase nous offre une description rendant compte de l'ambiance familiale qui se déroulait à cette époque de sa vie tous les dimanches. Le nom « effluves » et le verbe « mijote » traduisent le bonheur lié au repas familial qui était préparé tous les dimanches. Le mot « babil » indique au lecteur que l'enfant ne sait pas encore parler et que la « petite famille », comme l'auteure les appellera à la fin de notre passage, vient tout récemment d'être formée. [...]
[...] Les années - Annie Ernaux (2008) - Par quels moyens Annie Ernaux parvient-elle, au travers de son écriture autobiographique, à « sauver » un passé révolu ? « Sauver quelque chose du temps où l'on ne sera plus jamais », telle est la phrase que nous pouvons lire avant de refermer Les années, projet autobiographique explicitement énoncé par Annie Ernaux en ces termes. À travers ce récit dont le titre évocateur nous plonge dans le topos du temps qui passe et contre lequel l'Homme ne peut rien, Annie Ernaux revient sur sa vie passée en portant à chaque événement un regard neutre et attentif. [...]
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