Andromaque est une tragédie de Racine dédiée à l'épouse du frère de Louis XIV, Madame Henriette d'Angleterre. Elle met en scène des personnages directement empruntés à L'Iliade, célèbre épopée d'Homère, et nous raconte leurs amours impossibles. L'intrigue de la pièce repose en effet sur le schéma pastoral romanesque, qui est le suivant : « A aime B qui ne l'aime pas ». Ainsi, dans cette tragédie, Oreste est amoureux d'Hermione, qui elle-même aime Pyrrhus, lequel n'a d'yeux que pour Andromaque, dont le cœur appartient définitivement à Hector, son époux défunt.
Le passage que nous allons étudier se situe à la fin de la pièce, peu avant son dénouement. Il est extrait de la scène trois de l'acte V, et s'étend du vers 1499 au vers 1564. Il s'agit d'un dialogue entre Oreste et Hermione. Oreste, chargé précédemment par Hermione du meurtre de Pyrrhus (cf. acte VI, scène 3), vient annoncer à celle qu'il aime que son souhait a été exaucé. Or nous avons vu tout au long de la pièce à quel point Hermione était éprise de Pyrrhus, comme en témoignaient justement sa jalousie, et les regrets qu'elle avait d'avoir formulé à Oreste une telle requête (cf. acte V, scène 2 « Ah ! Qu'ai-je fait Cléone ? » v.1430). Aussi, comment va-t-elle réagir à la nouvelle de la mort de son amant ? Et surtout, quel accueil va-t-elle réserver à Oreste ?
Nous allons voir que, contrairement à ce qui était prévu, l'intervention d'Oreste n'a pas été nécessaire pour provoquer la mort de Pyrrhus, qui a causé seul sa perte. Toutefois, bien qu'Oreste soit innocent dans cette sombre affaire, il y a joué un rôle ambigu. Cela permet à Hermione de le désigner comme fautif et de faire taire par ce stratagème sa culpabilité envahissante.
[...] Il est extrait de la scène trois de l'acte et s'étend du vers 1499 au vers 1564. Il s'agit d'un dialogue entre Oreste et Hermione. Oreste, chargé précédemment par Hermione du meurtre de Pyrrhus (cf. acte VI, scène vient annoncer à celle qu'il aime que son souhait a été exaucé. Or nous avons vu tout au long de la pièce à quel point Hermione était éprise de Pyrrhus, comme en témoignaient justement sa jalousie, et les regrets qu'elle avait d'avoir formulé à Oreste une telle requête (cf. [...]
[...] 1496) par la provocation de Pyrrhus. Cependant, la mort du roi nous est présentée comme une fatalité : on observe que celui- ci rend l'âme au pied d'un autel (cf. v Mais enfin à l'autel il est allé tomber Or, Priam, égorgé par Pyrrhus, était mort lui aussi à un endroit identique. On peut donc interpréter la mort du roi comme étant une punition des dieux. II / Le rôle ambigu d'Oreste Mais pour Hermione, un seul coupable existe : il s'agit, bien évidemment, d'Oreste. [...]
[...] Il s'exprime à son tour par des phrases exclamatives et interrogatives (cf. Ô Dieux ! Quoi ? Ne m'avez-vous pas/ Vous-même, ici, tantôt, ordonné son trépas ? v.1544-45), ce qui donne l'impression que la folie d'Hermione est contagieuse, qu'elle se propage à Oreste. Dans la lutte qui opposait passion et raison, la passion avait déjà gagné, puisque Hermione avait choisi de sacrifier son amant, contre toute logique. Ici, on se rend compte à quel point la scène est irrationnelle, et nous ne sommes plus à même de suivre les contradictions d'Hermione (elle y fait elle-même allusion aux vers 1547-48 : Et ne voyais-tu pas, dans mes emportements, / Que mon cœur démentait ma bouche à tous moments ? [...]
[...] qui heurtent violemment la sensibilité d'Oreste, qui ne sait plus où il en est (cf. interrogations aux vers 1544-45). On a l'impression qu'Hermione souhaite le convaincre de sa culpabilité, afin de mieux pouvoir se persuader que pour sa part, elle n'a eu aucun rôle à jouer dans l'histoire. Sa stratégie est sans pitié : Hermione fait comprendre à Oreste qu'il est indésirable (cf. v.1554 Qui t'amène en des lieux où l'on fuit ta présence ? et rapidement, elle le congédie comme un malpropre (cf.v.1561 Adieu. [...]
[...] La présence de pronoms de la deuxième personne (cf. toi v ton v.1534, et caetera) indique qu'elle ne lui accorde plus autant d'estime qu'auparavant. Pyrrhus, au contraire, a retrouvé une place de premier choix dans son cœur (cf. superlatif v.1538 une si belle vie qui est mise en valeur par contraste avec le vocabulaire employé pour qualifier Oreste). En fait, la douleur d'Hermione est d'autant plus forte qu'elle se sent coupable du meurtre de Pyrrhus. C'est pourquoi elle essaye d'en rejeter la responsabilité sur Oreste. [...]
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