D'aucuns pensent, en prenant appui sur des personnages tels Phèdre et Iphigénie, que le pouvoir dramatique des héros raciniens tragiques est issu surtout de leur lutte contre la fatalité qui les contrôle. Et pourtant, dans ses premières tragédies, Racine attribue, d'une façon plus explicite, ce rôle dramatique à des éléments plus humains : la jalousie, par exemple. C'est le cas dans la tirade d'Hermione dans Andromaque (Acte IV, Scène 5) où le dramaturge reflète la rage de la fille d'Hélène quand Pyrrhus essaye de justifier son mariage avec la Troyenne. Nous nous intéresserons donc dans un premier temps à l'ambivalence du personnage de Pyrrhus. Dans un deuxième temps, nous verrons comment fait surface le dilemme passionnel d'Hermione.
[...] En effet, les signes de confusion sont gravés dans les vers de la spartiate. Notons, pour commencer, un usage simultané du vouvoiement (‘'vous serez'', ‘'je vous parle'') et du tutoiement (‘'tu perds avec moi'', ‘'tu la cherche des yeux'') qui marque la confusion d'Hermione vis-à- vis du respect qu'elle doit accorder au fils d'Achille. Dans le même ordre d'idées, une illustre antithèse décrit parfaitement l'état de dévotion confuse qu'accorde Hermione à son bien-aimé : Je t'aimais inconstant ; qu'aurais-je fait fidèle ? [...]
[...] Cette jalousie se transmue, ensuite, en la présence de Pyrrhus, pour résulter à une passion possessive. En effet, Hermione, débordante d'amour et de jalousie cherche à s'approprier de Pyrrhus. Il est dès lors essentiel de citer les différents pronoms possessifs utilisés : ‘'nos'', ‘'mes'', ‘'mon'' La présence abondante de ces derniers traduit le désir incessant d'Hermione de posséder Pyrrhus. Dans le même ordre d'idées: Hermione dans le but de posséder son roi essaye de le piéger comme le montre la versification du vers liminaire : ne/ t'ai/ point/ ai/mé]', [cru/el/ ?]' [Qu'ai/-je/ donc/ fait ?]' Le 2 (symbole de l'ambivalence de Pyrrhus ou de Pyrrhus lui-même) est encadré par le 4 et le 6 qui symbolisent la volonté d'Hermione de piéger Pyrrhus, dans le but de le posséder. [...]
[...] Ce qui suggère une incantation que récite Hermione pour damner Pyrrhus. Scrutons les horizons du texte et intéressons nous au paratexte: la tirade d'Hermione conclut la scène 5 de l'acte IV ce qui illustre la destruction de Pyrrhus, de son pouvoir, il est frappé d'aphasie verbale; Hermione a réussi à détruire le pouvoir dramatique de Pyrrhus, qui se matérialise par la parole. On retrouve, cependant un tableau implicite des signifiants assez intrigant: Ce qui indique qu'Hermione détruit par sa passion son humanité aussi pour devenir un monstre. [...]
[...] De la même manière, une réification se déploie à travers le texte (ou une métonymie filée) transformant Pyrrhus en un cœur plus facile à emprisonner, donc plus facile à posséder ! (‘'Ce cœur qui m'abandonne'', ‘'ton cœur, impatient de revoir''). Ainsi la possessivité d'Hermione pour Pyrrhus se manifeste et tente de s'accomplir par divers moyens dont l'échec constitue autant de causes pour sa jalousie. Cette jalousie prend, enfin, des proportions grandioses car on témoigne de la naissance d'une passion destructrice. En effet, incapable de posséder Pyrrhus, la fille de Ménélas, décide de l'exterminer. Soulignons d'emblée un injonctif, ‘'crains'' qui prouve qu'Hermione menace Pyrrhus de le détruire. [...]
[...] Andromaque (Acte IV, Scène v.1356-1386), Jean Racine D'aucuns pensent, en prenant appui sur des personnages tels Phèdre et Iphigénie, que le pouvoir dramatique des héros raciniens tragiques est issu surtout de leur lutte contre la fatalité qui les contrôle. Et pourtant, dans ses premières tragédies, Racine attribue, d'une façon plus explicite, ce rôle dramatique à des éléments plus humains : la jalousie, par exemple. C'est le cas dans la tirade d'Hermione dans Andromaque (Acte IV, Scène où le dramaturge reflète la rage de la fille d'Hélène quand Pyrrhus essaye de justifier son mariage avec la Troyenne. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture