Andromaque acte 1 scène 4, Racine, 1668, pièce de théâtre, tragédie, Oreste, Astyanax, hermione, Pyrrhus, rhétorique, respect des convenances, tournures stylistiques, résonance musicale
Le titre de la pièce "Andromaque", montre la volonté de Racine de mettre en évidence son rôle clef. En effet c'est autour d'elle que se noue toute l'intrigue. De sa décision de s'unir ou pas avec Pyrrhus dépend le sort de nombreux personnages ; si elle accepte l'union, Astyanax sera sauvé, Pyrrhus se mariera avec elle au désespoir d'Hermione mais causant par là le bonheur d'Oreste. Si elle prend la décision inverse, l'amour de Pyrrhus sera non satisfait, mais cela réjouira Hermione qui espère ainsi le récupérer, tandis que tous les espoirs d'Oreste s'effondreront. Ainsi, Andromaque est dans une impasse, le tragique de la pièce repose sur le fait que, quelque que soit sa décision, les personnages ne pourront pas être contentés tous à la fois.
A ce stade de déroulement de la pièce, Andromaque n'a toujours pas pris sa décision, cependant elle parait repousser les avances de Pyrrhus. Son honneur et sa fidélité envers son mari étant sans bornes, elle ne parvient pas à se résoudre à le trahir et cherche donc d'autres moyens qui permettraient de sauver son fils. Cependant elle n'oppose pas un refus catégorique à Pyrrhus. En effet celui-ci est le seul capable d'infléchir le destin d'Astyanax, sa parole pouvant le faire basculer du côté de la vie ou de celui de la mort. Elle ménage donc sa susceptibilité, étant consciente qu'il représente sa seule chance. Cet extrait pourrait s'apparenter à une joute oratoire dans le sens où chacun des personnages prend la parole tour à tour, attentif à la réponse de l'autre ils adaptent leurs répliques, faisant preuve de toute leur adresse rhétorique.
[...] En effet la première a pour but de flatter la vanité de Pyrrhus, en présentant son offre comme étant révélatrice de sa grandeur d'âme. Sentant malgré tout que l'offre de Pyrrhus est intéressée, elle va s'empresser de décourager ses ardeurs, mais d'une manière très diplomatique, ne disant pas qu'elle ne l'aime pas, mais disant plutôt qu'elle-même n'est pas digne de son amour, ce qui représente donc une flatterie indirecte. Cependant la dernière question est une attaque plus directe, elle accuse Pyrrhus de l'avoir condamnée au malheur en ayant pris part au massacre de Troie. [...]
[...] En l'appelant ainsi, Andromaque entend rappeler à Pyrrhus son rôle, tout en faisant appel à la mémoire de son père. Comme le respect du père est une valeur très importante, elle entend jouer là-dessus afin que Pyrrhus se sente obligé, en respect de la mémoire de son père de tenir son rang. Ainsi Andromaque offre donc une possibilité de sortie à Pyrrhus : présentant son offre sous les traits d'une action désintéressée résultant uniquement de sa bonté d'âme, elle entend d'une part le flatter, mais aussi lui donner une possibilité de revers honorable, car elle lui a clairement fait comprendre qu'elle ne souhaitait pas payer de son cœur la vie de son fils. [...]
[...] Non, non ; d'un ennemi respecter la misère, Sauver des malheureux, rendre un fils sa mère, De cent peuples pour lui combattre la rigueur, Sans me faire payer son salut de mon cœur, Malgré moi, s'il le faut, lui donner un asile : Seigneur, voilà des soins dignes du fils d'Achille. Andromaque, Acte scène 4 Le titre de la pièce : Andromaque, montre la volonté de Racine de mettre en évidence son rôle clef. En effet c'est autour d'elle que se noue toute l'intrigue. [...]
[...] Ajoutée à cela, l'exagération de tous les Grecs (qui était déjà présente au vers 281) et de tous côtés permet de renforcer cette idée d'oppression, de voie sans issue. La question rhétorique qui suit comporte une figure d'insistance marquée par encore cela laisse transparaître une forme d'exaspération de Pyrrhus, sans cesse repoussé par Andromaque. De plus, on remarque tout au long de sa réplique, la présence du champ lexical de la guerre, rappelé au vers 282 par combattre Cela montre que Pyrrhus voit l'amour d'Andromaque comme un butin à conquérir. Il mène un combat contre la résistance amoureuse d'Andromaque. [...]
[...] Au vers 308, Andromaque réduit l'offre de Pyrrhus à ce qu'elle est vraiment, c'est-à-dire un contrat dans lequel elle doit donner quelque chose en échange de son fils. Ainsi l'emploi du verbe payer permet de ramener l'offre à une condition bassement matérielle, ce qui est donc une critique du chantage que propose Pyrrhus. Le vers 309 présente un rythme haché, qui illustre le coût que causent ses paroles à Andromaque. Elle consent à faire une concession mais on voit que cela lui coûte de s'abaisser de cette manière devant son ennemi, de se retrouver à la merci de son bon vouloir. [...]
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