Les Bucoliques d'André Chénier sont l'illustration de sa passion pour certains poètes grecs et latins comme Properce, Virgile, Ovide auxquels il emprunte les images d'un monde idyllique de bergers animé par la présence de personnages mythologiques. Il reprend également le mode de la poésie funèbre, très fréquent dans la poésie latine avec Tibulle et Properce comme nous le voyons dans ce poème : 'La jeune Tarentine', poème qui est la déploration de la mort d'une jeune fille, morte noyée en mer avant la célébration de son mariage.
Pour parler des thèmes de ce poème, nous parlons de 'noyade' et de 'mort' mais cela semble presque incongru, car ces mots violents n'apparaissent pas une seule fois dans le poème qui est au contraire plein de douceur. On peut se demander ici comment et par quels moyens la poésie traite ici le thème de la mort et transfigure l'aspect injuste et violent de la disparition par noyade, comment un thème qui pourrait être d'un réalisme affreux devient ici une déploration mélancolique pleine de charme.
[...] On note également que le poème s'achève sur des sonorités plus sourdes : [eu]. On peut s'intéresser également au passage au discours direct et à la seconde personne : même si le discours est clairement annoncé comme celui des Néréides on peut se demander s'il n'y a pas aussi la figure du poète qui se dessine, la poète qui s'adresse avec émotion à son héroïne : avec cette implication du discours direct le discours est à son comble. Cependant, il faut noter que même si la fin du poème est poignante avec cette idée d'injustice de la non-réalisation de l'hymen, les images de la vie (de l'hymen) l'emportent sur celles de la disparition. [...]
[...] L'évocation de la mort se fait au vers suivant : Elle a vécu, Myrto, la jeune Tarentine ! mais on remarque qu'il n'y a pas emploi du mot mort et qu'on peut même parler de litote : Elle a vécu beaucoup moins violent que elle est morte On ne s'attarde pas sur cette idée de mort puisque le poème parle d'abord d'avant sa mort, de sa traversée en bateau pour rejoindre son amant : on passe à l'imparfait : Un vaisseau la portait aux bords de Camarine Cependant, maintenant qu'on sait que la jeune Tarentine a vécu, qu'elle est morte, l'évocation des préparatifs de sa noce accentue le côté poignant et injuste de cette mort, mais avec mélancolie et non pas avec amertume : L'évocation des préparatifs de la fête avec l'énumération : Là, l'hymen, les chansons, les flûtes, lentement (le vers se fait plus rapide) est entremêlée avec la figure estompée de la mort comme le montre le verbe devaient : Devaient la reconduire au seuil de son amant : cela n'a pas été. [...]
[...] André Chénier, Les Bucoliques, 'La jeune Tarentine' Introduction : Les Bucoliques d'André Chénier sont l'illustration de sa passion pour certains poètes grecs et latins comme Properce, Virgile, Ovide auxquels il emprunte les images d'un monde idyllique de bergers animé par la présence de personnages mythologiques. Il reprend également le mode de la poésie funèbre, très fréquent dans la poésie latine avec Tibulle et Properce comme nous le voyons dans ce poème : La jeune Tarentine poème qui est la déploration de la mort d'une jeune fille, morte noyée en mer avant la célébration de son mariage. [...]
[...] ô vous, oiseaux sacrés, Oiseaux chers à Thétis, doux alcyons, pleurez ! Dès ces premiers vers, le ton du poème est donné : la déploration de la mort n'est pas celle d'un chagrin exacerbé, mais plutôt une triste mélancolie. On le voit ici avec le rythme très régulier des vers (avec la structure en chiasme), les sonorités très adoucies en et et les liaisons : Pleurez, doux alycons ! et la mise en relief du verbe pleurez en début et en fin de vers. [...]
[...] Le vers suivant Elle est au sein des flots, la jeune Tarentine ! évoque la mort par noyade, mais toujours de manière floue. La strophe qui suit montre tout l'art de Chénier : l'évocation de la noyade et du corps emmené sur le rivage, où on pourrait se complaire dans les détails morbides estompe tout réalisme avec l'évocation d'un monde mythologique, donc irréel qui estompe tout détail réaliste de la mort. [Comparaison avec la mort de Léopoldine On le voit très nettement avec le vers : Son beau corps a roulé sous la vague marine avec l'harmonie régulière : le rythme 3/3/6 avec la coupe atténuée et les sonorités adoucies avec toujours ces et ces et avec la légèreté de la rime finale [ine]. [...]
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