Né le 20 octobre 1854 dans les Ardennes, à Charleville-Mézières, d'une mère paysanne, Vitalie Cuif, Jean Nicolas Arthur Rimbaud est abandonné par son père, soldat, et laissé à l'entière responsabilité de sa mère avec ses trois frères et sœurs. Ayant déjà à son actif un parcours scolaire exceptionnel, il remporte en juillet 1869 le Concours académique de composition latine, sur le thème « Jugurtha ». En 1870, dans une lettre à Georges Izambard, son professeur de rhétorique, Arthur Rimbaud écrit qu'il s'est « reconnu poète ». Cette année-là est celle du « Recueil Demeny » (appellation donnée par la critique) et du poème « Les Etrennes des orphelins ».
Le poète Rimbaud voit le jour dans la mouvance poétique du Parnasse, dont le chef de file est Théodore de Banville. Mettant l'accent sur la beauté de la forme, revenant sur les formes classiques, telles que le sonnet, ces poètes défendent aussi l'objectivité dans la création poétique ; ils s'opposent aux romantiques et à l'expression lyrique du « moi » souffrant. Rimbaud se sent appartenir à cette école lorsqu'il débute dans la poésie ; il écrit à Théodore de Banville et affirme vouloir devenir Parnassien ou rien. Il ne sera cependant jamais publié dans le Parnasse, et ne tardera pas à critiquer Banville : en 1871, il publie « Ce qu'on dit au poète à propos de fleurs », poème dans lequel il limoge longuement l'emploi fréquent des images florales et leur manque de précision du point de vue symbolique dans la poésie parnassienne.
[...] Nous verrons que cette œuvre poétique vise à maintenir voilée la révélation finale, en donnant simultanément des indices préalables, éclairés par la relecture à laquelle nous invite la construction du texte. Le choix de la structure poétique du sonnet correspond au mouvement parnassien : la forme est classique, très codifiée depuis Ronsard. Rimbaud respecte la majorité des règles fixées : l'emploi de l'alexandrin, deux quatrains et deux tercets identifiables, l'alternance entre rimes féminines et rimes masculines, la chute au dernier tercet et dernier vers. [...]
[...] Cette inversion préfigure bien entendu la chute du sonnet. Si l'écart entre cette chute et l'annonce contenue dans le titre permet déjà de parler de retardement de la réalité contenue dans le poème, elle devient vraiment effective dans le premier tercet à travers la mise en place d'une esthétique de la suggestion. Les vers 9 à 11 poursuivent la description du dormeur à travers une opposition sur le mode binaire entre le champ sémantique du sommeil paisible et celui de la maladie mêlée aux symboles de la mort. [...]
[...] Arrivé au bout de sa théorie d'une poésie toute puissante, après avoir épuisé les pistes qu'elle ouvre, sans doute ne pouvait-il que renoncer à ce pour quoi il croyait juste de se sacrifier. Il voyage en Europe, puis s'engage dans les troupes coloniales des Indes néerlandaises, finit par faire du commerce en Ethiopie et en Egypte. Une Critique des affaires françaises en Afrique paraît dans Le Bosphore égyptien En 1891, le cancer se déclare dans son genou droit. Il est rapatrié à Marseille et meurt des suites de la maladie. [...]
[...] Si le corpus de textes qui lui est attribué a été produit pendant un nombre d'années très limité, l'ensemble de son œuvre constitue cependant un héritage littéraire important. Jean-Pierre Richard écrit à propos de l'œuvre rimbaldienne qu'elle mêle dans la description de la nature l'ignoble et le radieux L'une de ses productions les plus célèbres, Le Dormeur du Val écrit en 1868 et qui appartient au recueil Poésie, publié en 1870, semble en poser les jalons. Il s‘agit d'un sonnet qui s'inscrit, d'après sa date de création, dans la mouvance du Parnasse. [...]
[...] C'est dans cette période, par ailleurs troublée par les événements de la Commune, qu'il commence à boire de l'absinthe et abandonne ses études pour se consacrer à la poésie. Il rencontre Verlaine et loge chez lui à Paris. Il publie la Lettre du Voyant, dans laquelle il rejette la poésie subjective : c'est la première expression de son vaste projet d'une unité poétique, pour laquelle il faudrait faire taire l'individu au profit d'une poésie visionnaire source de progression de la société. [...]
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