Les Sonnets de Louise Labé, publiés à Lyon en 1555, constituent l'une des œuvres les plus personnelles et le plus poignantes de la renaissance. Elle y chante ses amours pour le poète Olivier de Magny puis les tourments que leur rupture lui a fait endurer. Le sonnet 23 clôture le recueil. La liberté de ton de Louise Labé, la liberté dont elle a fait preuve dans sa vie ont scandalisé, elle avertit donc les « Dames » qui pourraient médire à son sujet.
La question était : En quoi ce poème apparaît-il comme une leçon, tirée de l'expérience ? Nous montrerons d'abord que la passion amoureuse est présentée comme une expérience douloureuse et incontrôlable puis nous verrons en quoi la situation d'énonciation s'avère particulière enfin nous montrerons que, de son expérience, L. Labé tire une leçon destinée aux femmes de son temps.
[...] Labé tire une leçon destinée aux femmes de son temps. La passion amoureuse : une expérience douloureuse et incontrôlable - Une expérience personnelle exprimée à la 1re personne (j'ay aimé, j'ay senti, j'ai failli), le passé composé prend ici toute sa valeur aspectuelle avec le passé composé, l'événement passé n'est pas complètement coupé du présent, mais il est envisagé par le locuteur avec une certaine proximité psychologique ; Riegel, Pellat, Rioul, Grammaire méthodique du français.), cette expérience qu'évoque le poète a des conséquences sur le présent, évoquées au vers les peines sont présentes - L'expérience de l'amour est donc une expérience douloureuse qui ne peut que s'exprimer que par la métaphore et l'hyperbole : mile torches ardentes, / Mile travaux, mile douleurs mordentes À noter que, ce sonnet clôturant le recueil, il reprend naturellement la métaphore récurrente du feu, métaphore ambivalente qui signifie à la fois éclairage (l'amour est une force qui élève, qui transporte) et torture (relever le champ lexical de la souffrance dans le texte, v 7). [...]
[...] La structure du sonnet souligne cette universalité. Si les sept premiers vers s'avèrent plus spécifiquement consacrés à l'évocation des tourments éprouvée par la poétesse. Les sept derniers constituent une sorte d'avertissement destiné à chacune, une forme d'universalisation de l'expérience intime. Si le passé composé domine dans ces sept premiers vers, les sept derniers s'articulent autour d'un futur (Pourra) dont on a vu qu'il signalait efficacement le bon vouloir d'Amour dont l'emprise sur les cœurs est irrécusable. - L'opposition Vulcain/Adonis (v. [...]
[...] Analyse d'un sonnet de Louise Labé : "Ne reprenez, Dames, si j'ai aimé . " Ne reprenez, Dames, si j'ai aimé : Si j'ay senti mille torches ardentes, Mile travaux, mile douleurs mordantes : Si en pleurant, j'ai mon temps consumé, Las que mon nom n'en soit par vous blâmé. Si j'ai failli, les peines sont présentes, N'aigrissez point leurs pointes violentes : Mais estimez qu'Amour, ê point nommé, Sans votre ardeur d'un Vulcain excuser, Sans la beauté d'Adonis accuser, Pourra, s'il veut, plus vous rendre amoureuses : En ayant moins que moi d'occasion, Et plus d'étrange et forte passion. [...]
[...] L'agressivité se traduit à travers l'utilisation du discours injonctif (Ne reprenez, Dames, si j'ai aimé, / Las ! que mon nom n'en soit par vous blâmé.) qui invite l'interlocutrice à ne pas juger trop hâtivement. - Le sonnet n'en demeure pas moins lyrique, Louise Labé évoque sa douleur de femme abandonnée à travers la rhétorique précédemment étudiée mais aussi de façon très simple : Si en pleurant, j'ai mon temps consumé Le constat est simplement pathétique, l'assonance en souligne discrètement la plainte. [...]
[...] Il s'agit, à travers ces deux vers de suggérer à nouveau la force et l'inattendu de la passion. La poétesse reconnaît avoir eu des occasions (elle tenait salon à Lyon) de tomber amoureuse, mais elle prévient : se garder des occasions ce n'est pas être à l'abri des passions. Ces femmes qui pourraient la juger, se croyant à l'abri sont tout aussi vulnérables. - Le dernier vers Et gardez-vous d'être plus malheureuses revêt une tonalité ironique. Après avoir tant insisté sur le pouvoir de l'amour, les tourments qu'elle même a endurés, le conseil semble bien dérisoire. [...]
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