Les scènes I à III de l'Acte premier d'Ubu Roi, pièce de théâtre originale écrite par Alfred Jarry, sont riches de sens en elles-mêmes, mais elles sont aussi en quelque sorte le reflet du reste de la pièce. En effet, c'est dans cet extrait que l'on voit tout de suite si l'on aime ou pas, mais on y perçoit aussi le genre farfelu et absolument original d'un style tout à fait nouveau pour le théâtre du XXe siècle. Père Ubu, ce capitaine et officier du roi, est fortement influencé par sa femme Mère Ubu qui, par ses désirs de richesse, veut pousser Père Ubu à assassiner le roi Venceslas et ses proches pour qu'ils deviennent ainsi roi et reine de Pologne. Père Ubu cède vite à la tentation et les deux préparent le terrain en invitant le capitaine Bordure et ses partisans à dîner pour qu'ils se joignent à eux dans leur plan maléfique. Cet extrait viendra donc poser les balises de l'aventure rocambolesque d'une conquête des plus fantaisistes entremêlée de batailles, qui se terminera par la fuite de Père et Mère Ubu et la reconquête de Bougrelas, seul maillon survivant de la royauté. Les éléments présents dans ces trois scènes viennent donc représenter le caractère de l'œuvre entière. Le langage, plus particulièrement, devient un objet fascinant d'analyse. Il s'y greffe des caractéristiques empreintes de sens : le choix des mots, le style et leurs liens avec l'histoire en sont quelques-uns.
[...] Le mot fait scandale à la première représentation sur scène d'Ubu Roi, car les spectateurs ne sont pas habitués à ce théâtre éclatant d'originalité, puisqu'à ce moment-là, le théâtre était rempli de conventions bourgeoises servant à satisfaire le plus souvent un public de ce type. En bannissant la censure, Jarry prend des risques. Le camouflage du terme vient aussi lui donner toute sa présence. C'est ainsi qu'en déformant le juron, l'attention est en même temps portée sur celui-ci et l'effet final est donc de le faire ressortir encore plus. En jouant avec les mots de la sorte, Jarry donne, dès l'entrée en scène, le ton de la pièce. [...]
[...] Analyse des scènes 1 à Acte premier, d'"Ubu Roi" d'Alfred Jarry Sommaire Introduction Développement Conclusion Bibliographie Les scènes I à III de l'Acte premier d'Ubu Roi, pièce de théâtre originale écrite par Alfred Jarry, sont riches de sens en elles-mêmes, mais elles sont aussi en quelque sorte le reflet du reste de la pièce. En effet, c'est dans cet extrait que l'on voit tout de suite si l'on aime ou pas, mais on y perçoit aussi le genre farfelu et absolument original d'un style tout à fait nouveau pour le théâtre du XXe siècle. [...]
[...] Et vous allez bientôt crier vive le Père Ubu. Il tient un balai innommable à la main et le lance sur le festin. MÈRE UBU Misérable, que fais-tu? PÈRE UBU Plusieurs goûtent et tombent empoisonnés.» (Jarry, p.26). En effet, c'est à n'y rien comprendre : qu'est-ce qu'un balai innommable? Pourquoi quand Père Ubu le lance sur la table, les invités tombent soudainement empoisonnés mais ne le sont plus deux minutes après? Pour Jarry, ce ne sont pas que les propos qui ont un impact, mais ce sont aussi les gestes, qui, lorsque poussés à leur absurdité la plus totale, semblent se rapprocher de la folie et ainsi, en mélangeant le ton dramatique à la farce dans son extrémisme le plus total, rendent l'œuvre tout à fait excentrique et remarquable. [...]
[...] L'invention de ce langage trivial est une pure création de Jarry; ces mots lui sont donc très personnels. Puisqu'ils sont répétés à plusieurs reprises, ils servent à donner de l'expressivité aux personnages et donc leur donnent des caractéristiques comiques. Ces mots sont non seulement originaux et uniques, mais ils donnent aussi de la musicalité à la pièce et laissent aller l'imaginaire des spectateurs. Par exemple, le fameux «vrout» qui est propre à Mère Ubu, peut, avec un peu d'imagination, être transformé en «prout» et le mot «coupe-choux» pique la curiosité quant à sa signification et peut être interprété de mille et une manières. [...]
[...] Voilà du joli, Père Ubu, vous estes un fort grand voyou. PÈRE UBU Que ne vous assom'je, Mère (Jarry, p.15). Il est à noter ici l'utilisation du vieux français, qui vient donner une touche tout à fait particulière dans le contexte de cette pièce comique. Il est assez évident de déterminer ce que sont devenus ces deux mots aujourd'hui; «estes» signifie êtes» et «assom'je» signifie [vous] assomme». Encore là, plusieurs analyses et interprétations peuvent expliquer l'utilisation d'un vieux français, mais celle qui apparaît la plus évidente est que ce vieux français est intégré dans une pièce de type «farce» et qu'il est entremêlé de jurons, qui évoquent la provocation. [...]
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