Le roman historique apparaît au XVIIe siècle avec La Princesse de Clèves de Madame de Lafayette. C'est un roman qui prend sa source dans un épisode de l'Histoire, auquel l'auteur mêle généralement des événements et des personnages fictifs. Le roman historique s'efforce d'apparaître vraisemblable en regard de la vérité historique et l'auteur s'appuie généralement sur une importante documentation, comme on peut le constater avec le roman de Marguerite Yourcenar dans Les Mémoires d'Hadrien où elle explique dans le Carnet de notes, le long travail d'érudition et de romancière qu'elle a mené pour écrire la vie d'Hadrien et se rapprocher le plus possible du personnage et de son époque. Le roman historique apparaît au XXe siècle comme un roman ou un essai comme on peut le constater avec Les Tablettes de Buis d'Apronenia Avitia de Quignard, où la plupart des personnages appartiennent à la fiction. Certains comme La Mort de Virgile de Broch, s'inspirent d'auteurs antiques et reprennent, par conséquent, le genre très apprécié de l'époque : l'épopée, tout en donnant un aspect moderne au roman historique.
C'est pourquoi René Garguilo écrit à propos du roman du début du vingtième siècle : « Ce n'est pas vers l'épopée que se tourne aujourd'hui le roman historique, mais vers une recherche du temps perdu et une méditation sur la destinée humaine (…). Le roman historique dans sa forme moderne se situe à mi-chemin entre le roman et l'essai. »
On peut alors se poser la question : En quoi le roman historique apparaît-il comme un roman moderne, tout en conservant le genre épique ?
[...] La recherche du temps perdu est aussi très présente dans Les Mémoires d'Hadrien. En effet, après la mort d'Antinoüs, son corps est confié aux embaumeurs et Hadrien songe à mettre en place le culte de son amant, il met en place une commémoration annuelle sur les lieux du suicide, il fonde une ville nommée Antinoé et il édifie un tombeau à Rome. En plus de cela, Hadrien souhaite matérialiser et graver le souvenir de son amant dans une statue dans le but d'immortaliser Antinoüs et de capturer son âme, il écrit : Je réclamais un fini parfait, une perfection pure, ( ) je comptais désespérément sur l'éternité de la pierre, la fidélité du bronze, pour perpétuer un corps périssable. [...]
[...] La conception moderne du roman historique apparaît aussi dans la méditation sur la destinée humaine qui est omniprésente dans ces trois œuvres dans la mesure où les trois protagonistes se retrouvent face à la mort. En effet, Hadrien est âgé de 60 ans et se trouve face à la maladie, tout comme Virgile et Apronenia Avitia sont âgés de 71 ans, Virgile. Ce rapport à la mort facilite l'entrée sur la méditation de la mort mais aussi sur celle de l'homme et de l'amour. [...]
[...] La notion d'un roman-essai apparaît aussi dans Les Tablettes de Buis d'Apronenia Avitia car le roman introduit des personnages fictifs, notamment le personnage principal, Apronenia Avitia. C'est un fantôme de l'histoire. Quignard invente sa vie. C'est un personnage qui n'a jamais existé, et les tablettes de buis sont une fausse transcription, il s'agit d'un dispositif fictionnel, d'une pseudo-histoire où il n'y a pas d'enjeu historique car le personnage n'a aucun rôle politique, ce qui renforce l'idée qu'il est question d'un roman. [...]
[...] Les méditations sur le corps et le monde, entre le microcosme et le macrocosme, apparaissent nettement dans ce roman, on peut noter qu'à le page Hadrien donne à l'Empire l'image d'un homme vieilli, métaphore de la maladie de l'empire et de celle d'Hadrien , il dit : Le monde dont j'avais hérité ressemblait à un homme dans la force de l'âge, robuste encore, bien que montrant déjà, aux yeux d'un médecin, des signes imperceptibles d'usure, mais qui venait de passer par les convulsions d'une maladie grave . On observe dans ce roman une conception idéale de la destinée humaine. Yourcenar dirige ainsi l'image de la figure d'Hadrien dans le sens de son idéal humain à elle. L'empereur est son porte-parole. Hadrien est présenté comme un personnage exemplaire, un homme politique rêvé qui allie de façon idéale, le goût de l'action et de la sagesse. [...]
[...] Tout d'abord, d'après René Guarguilo, le roman historique moderne se tourne essentiellement vers une recherche du temps perdu. En effet, le thème du souvenir est omniprésent dans les trois romans, chaque personnage avant leur mort cherche à se souvenir le plus possible de leur vie passée. Dans les Tablettes de Buis d'Apronenia Avitia, qui apparaissent comme un journal intime, on constate qu'à de nombreux endroits, Apronenia Avitia établit des listes des repas passés et futurs pour ne pas les oublier. [...]
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