[...] Les particularités de cette scène : le narrateur ne s'exprime jamais à l'aide du « je », contrairement au reste du roman. C'est d'abord la 3ème personne ? celle qui montre le père, puis la mère ? qui émerge du discours, puis le « nous » l'emporte, soulignant ainsi que les enfants sont témoins, spectateurs d'une scène qu'ils subissent, et non pas actants comme dans la plupart des passages de ce récit. Cependant le narrateur ne s'exclut pas totalement. Grâce à « Notre père » ou « Ma mère » le lecteur perçoit toujours sa présence.
C'est un passage dans lequel la voix du père l'emporte ? malgré quelques intrusions comme celle de « Mademoiselle » (la gouvernante) qui s'offusque qu'on oblige les enfants à jouer dehors après le déjeuner même s'il fait froid ! A ces deux voix de commandement (le père, puis la mère) s'oppose un silence total de la part des trois enfants : la mère l'avait exigé d'eux à l'ouverture de la réunion, ils resteront muets tout le temps de cette séance.
[...] Dans la solennité et la gravité de cette réunion, le narrateur cependant va user de l'ironie pour nous faire sourire malgré le contenu assez alarmant des décisions parentales : prenant appui sur le prénom de la bonne Alphonsine, le narrateur invente une langue, le « finnois » qui rend compte du langage par gestes de la bonne. Le narrateur se moque de sa mère lorsqu'il écrit « Notre mère s'assimilait très vite les langues vivantes ». En effet, elle utilise des gestes pour communiquer avec la bonne devenue sourde et muette. Le narrateur joue sur les mots de « thème/version » pour nous indiquer que sa mère est non seulement capable de comprendre les gestes produits par la bonne, mais aussi de se faire comprendre d'elle en singeant ses propres gestes ? comme applaudir pour lui dire « Allez-vous-en ! » (...)
[...] Le narrateur souligne ici cet aspect autoritaire de la mère autorité que la mère revendique tout au long du récit et contre laquelle les garçons, surtout en grandissant, vont se dresser. Dans la solennité et la gravité de cette réunion, le narrateur cependant va user de l'ironie pour nous faire sourire malgré le contenu assez alarmant des décisions parentales : prenant appui sur le prénom de la bonne Alphonsine, le narrateur invente une langue, le finnois qui rend compte du langage par gestes de la bonne. [...]
[...] Ainsi, le narrateur réussit-il à insérer une note d'humour dans ce chapitre fort sombre, annonciateur de règles monacales, voire pénitentiaires. Comment le lecteur ne peut-il pas être ému à l'idée que ces enfants vont devoir se lever chaque jour, à cinq heures du matin, subir la messe, et attendre qu'il soit 8heures pour déjeuner . ? Quelles intentions et réactions ? Le témoignage d'un narrateur devenu adulte qui regarde son passé et analyse son enfance. Raconter pour dire la souffrance de l'enfant mal-aimé. [...]
[...] En ce qui concerne vos chambres, vous les entretiendrez vous-mêmes. Je passerai l'inspection régulièrement, et gare à vous si je trouve une toile d'araignée ! Enfin, je ne veux plus vous voir cette tignasse de bohémiens. Désormais, vous aurez les cheveux tondus : c'est plus propre. Aux colonies, répéta le père Trubel, dont la pipe venait de s'éteindre, la chose est réglementaire. Mais, objecta courageusement Mademoiselle, c'est que nous ne sommes pas aux colonies. Il fait froid, et surtout humide, en ce pays. [...]
[...] Vipère au poing, Hervé BAZIN Chapitre VI de M. Rezeau se frisa longuement les moustaches (page 41) jusqu'à la fin du chapitre, page 43 de l'édition du livre de Poche, édition 2012. Ce chapitre est issu du roman Vipère au poing d'Hervé Bazin, écrivain français, né en 1911, mort en 1996. C'est avec ce roman, paru en 1948, que Bazin connaît la notoriété. Il s'agit d'un roman autobiographique, même si la règle fondamentale de l'autobiographie n'est pas respectée. En effet, l'auteur, le narrateur et le personnage ne font pas UN, comme c'est l'usage dans l'autobiographie. [...]
[...] Je laisse au père Trubel le soin d'organiser votre emploi du temps avant et après la tartine. À la cloche du souper, mêmes formalités au lavabo, je vous prie. Le soir, en mangeant, nous ne parlerons que l'anglais. Il ne sera répondu à aucune demande de pain ou de vin . * D'eau, Jacques ! * Il ne sera répondu à aucune demande si elle n'est pas exprimée dans la langue de Disraeli, qui, du reste, était juif. Telle est la meilleure méthode pour contraindre les enfants à s'intéresser aux langues étrangères. [...]
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