Baudelaire, Les Foules, Petits Poèmes en prose, Le Spleen de Paris, Les Fleurs du mal, analyse linéaire, poésie, poète, religion
Né en 1821, Baudelaire traverse la moitié du XIX ème siècle, une période particulièrement intense en changements et évolutions. Il est notamment contemporain d'une modification de la perception des classes les plus défavorisées de la population française et s'intéresse à ce qu'on pourrait appeler le « peuple ». Cependant, si c'est un thème qui traverse Les Petits poèmes en prose et son oeuvre en général à travers Les Fleurs du mal, l'intérêt de Baudelaire pour les autres, quel que soit leur statut social, est paradoxal. Loin d'une dénonciation des effets de la misère comme le fait un poète comme Victor Hugo, Baudelaire insiste, comme dans le poème Les Foules, 12 ème du recueil, sur la place du poète par rapport au reste du monde, et sur la fonction même de la poésie. En effet, dans le poème, le poète est pris entre la conservation de son originalité et de l'unicité de sa perception du monde et la nécessaire « communion » qui s'opère avec les autres dont il investit pourtant les corps. Le poète semble chercher, à l'aide du langage poétique, l'endroit où il pourrait unifier les contradictions qui le déchirent.
En quoi le poème Les Foules est traversé par un paradoxe : celui du poète qui, seul, sait profiter de la foule mais, qui, par son statut, s'en détache nécessairement affichant ainsi sa supériorité et celle de son Art, la poésie ?
[...] Malgré cette tout puissance, le poète cherche à s'incarner, il est qualifié « d'âmes errantes » et ne trouve pas de corps. Il peut faire penser à Orphée, puni par les Érinyes (démons allégorie du poète, condamné à errer parce qu'il a voulu savoir. Le poète veut tout voir, tout être : il est question de ses « yeux » et des « places ». Les places sont en fait des corps : on retrouve une instrumentalisation, une réification des corps qui associent les personnes à des lieux. [...]
[...] Mais c'est une attitude qui peut paraître fallacieuse et factice. L'isotopie religieuse est continuée à travers les « pasteurs de peuples, les prêtres missionnaires » mais sont mêlés à d'autres figures qui se positionnent comme maîtres et en même temps serviteurs du peuple, bienfaisants. Fait une légère assimilation entre le poète et ces figures mais dénonce tout de même le paradoxe qu'ils recouvrent. En effet, les figures de Baudelaire sont ambiguës puisqu'ils mènent des vies d'ascètes mais ces vies leur procurent des « mystérieuses ivresses ». [...]
[...] Baudelaire reprend volontairement, afin de démontrer la puissance de l'acte poétique et l'importance de la figure du poète, le parallèle entre « poésie et charité ». Le poète est bien au service de l'humanité, son âme se donne « toute entière » notamment au travers de l'œuvre comme si le poète, alors nouveau Christ, suivait son propre parcours sacrificiel. Il se propose de donner à ceux qui n'ont pas un peu de sa lucidité (c'est en cela que c'est une prostitution). [...]
[...] On peut citer le poème des Fleurs du Mal, A une passante : « Un éclair . puis la nuit - Fugitive beauté Dont le regard m'a fait soudainement renaître, Ne te verrais-je plus que dans l'éternité ? » C'est le sonnet qui peut, seul, figer l'expérience et la possibilité de quelque chose. L'expérience poétique se place au-dessus du réel car elle le transfigure bien qu'elle lui emprunte beaucoup. Le dernier paragraphe, quand à lui, est beaucoup plus cynique. On perçoit un changement de tonalité, le ton se durcit de la part de Baudelaire qui se fait plus critique. [...]
[...] La phrase fonctionne sur le modèle du chiasme (ABBA) et sur un parallélisme de construction. La phrase repose sur l'oxymore peupler sa solitude, le paradoxe est accentuée : c'est le poète qui le cristallise car grace à la poésie il parvient à rester un individu même au milieu de la foule, comme s'il n'existait que pour lui-même. « vitalité » → jouissance, chair, corps → vampirisme de la foule (poète comme vampire de la foule). Cf les Méta du vampire dans Fleurs du mal. Définition de la poésie allégorie. [...]
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