Analyse de l'incipit de La "Condition humaine" de Malraux

Résumé du document

Le XXe siècle offre aux romanciers de multiples évènements historiques et sociaux majeurs dans lesquels inscrire l'action de leurs œuvres : les guerres mondiales, la révolution russe, la révolution chinoise. Si le lecteur ne le découvre pas d'emblée, la Condition Humaine de Malraux s'ouvre sur l'assassinat d'un trafiquant d'armes par le jeune révolutionnaire Tchen : alors que les insurgés manquent d'armes, le meurtre imputable à Tchen a pour finalité de dérober à la victime le document qui va lui permettre d'en obtenir.

Il convient de se mettre dans la peau du lecteur qui ignore tout de la situation, du contexte historique et tenter d'aborder ce début de roman avec la candeur de celui qui le découvre.

Extraits

[...] Malraux immerge le lecteur dans une action déjà engagée sans aucun préambule. On sait qu'un meurtre se prépare, frapperait-il ? ,dans une ambiance de clandestinité. L'enjeu est d'importance, la peur du héros est palpable: craignant être découvert il risque d'être exécuté s'il est pris Malraux cultive le suspense en ne dévoilant pas les circonstances entourant cet acte qui s'annonce: on ignore les mobiles, l'identité de la victime. Elle apparaît abstraite, secondaire, ramenée à cet homme dont on ne sait rien. Couchée, elle apparaît comme une masse inerte, dépouillée de son humanité. [...]

[...] Apparaissent successivement: une moustiquaire le plafond un pied D'abord réduit, le champ s'élargit vers l'extérieur, le building Un constant va-et-vient entre intérieur et extérieur s'opère. Le décor intérieur se concentre sur le lit, un homme, une moustiquaire. Le décor extérieur est un contexte urbain, vague et bruyant. Il n'y a aucune indication explicite de localisation géographique: on ne peut que supputer qu'il s'agit d'une grande ville. La fenêtre affublée de barreaux signes d'enfermement, symbolise la frontière entre ces deux mondes. [...]

[...] Analyse de l'incipit de La Condition humaine de Malraux Le XX siècle offre aux romanciers de multiples évènements historiques et sociaux majeurs dans lesquels inscrire l'action de leurs œuvres: les guerres mondiales, la révolution russe, la révolution chinoise. Si le lecteur ne le découvre pas d'emblée, la Condition Humaine de Malraux s'ouvre sur l'assassinat d'un trafiquant d'armes par le jeune révolutionnaire Tchen: alors que les insurgés manquent d'armes, le meurtre imputable à Tchen a pour finalité de dérober à la victime le document qui va lui permettre d'en obtenir. [...]

[...] Bêtement car il savait qu'il le tuerait. Pris ou non, exécuté ou non, peu importait Il règne ainsi une tension dramatique: Tchen est fermement décidé à aller jusqu'au bout néanmoins le temps semble suspendu le temps n'existait plus Malraux utilise des phrases courtes, nerveuses qui donnent un dynamisme haletant au texte. On assiste à la naissance d'un terroriste. Malraux propose un début de roman insolite. Le lecteur ne peut déterminer avec certitude la nature de cette œuvre: roman policier, d'espionnage, historique ? [...]

[...] On est en présence d'une focalisation interne. Son nom ouvre le roman. Cependant, il n'est pas décrit physiquement: seules des parties de son corps sont mentionnées, comme dissociées, dans le but d'exprimer son état d'esprit: son estomac noué est signe d'anxiété tout comme ses paupières battantes ses mains hésitantes Seul importe sa psychologie, ses sentiments éprouvés face à l'imminence du crime. Le lecteur est plongé dans la conscience du héros. Il partage ses hésitations quant à l'arme à utiliser, le rasoir ou le poignard. [...]