autobiographie, Simone de Beauvoir, Charlotte Delbo, oeuvre, auteur, analyse, prose, pacte autobiographique, essai philosophique, description, narrations, mise en scène
Dans Le pacte autobiographique, Philippe Lejeune définit les règles de l'autobiographie : pour lui, il s'agit d'un « récit rétrospectif en prose qu'une personne réelle fait de sa propre existence, lorsqu'elle met l'accent sur sa vie individuelle, en particulier sur l'histoire de sa personnalité. ». Plus tard, dans l'essai, il précise les conditions à l'écriture autobiographique, et invente ainsi le « pacte autobiographique », c'est-à-dire qu'« il faut que l'auteur passe avec ses lecteurs un pacte, un contrat, qu'il leur raconte sa vie en détail, et rien que sa vie. ». Se dégagent alors les deux conditions sine qua none à l'écriture de soi, d'après Lejeune : l'introspection et l'engagement à dire la vérité. Il reviendra plus tard sur les termes stricts de sa définition, et notamment sur la question de la prose.
[...] C'est d'ailleurs la phrase qui sert d'avant-propos, ou d'avertissement à l'autobiographie : « Aujourd'hui, je ne suis pas sûre que ce que j'ai écrit soit vrai. Je suis sûre que c'est véridique ». Enfin, Delbo travaille l'esthétique du blanc, visible dans la mise en page, et ainsi du silence, symptomatique du traumatisme subi. Par ailleurs, la recherche d'une forme de déconstruction de la phrase, rompue dans son rythme ou dans sa méthode, fait de son œuvre une forme de cubisme littéraire. [...]
[...] Elle est animée par un désir d'authenticité absolu et de spontanéité. L'autobiographie est la mise en œuvre de nombreux de ses carnets et journaux intimes d'époque. Par ailleurs, Charlotte Delbo écrit Aucun de nous ne reviendra, premier tome de son autobiographie, Auscwhitz et après, à partir de 1946, mais l'œuvre complétée de Une connaissance inutile et Mesure de nos jours n'est publié qu'au début des années 1970. Le premier volet de la trilogie est rédigé dans l'urgence « Il respire l'urgence du souvenir et la fulgurance. [...]
[...] Cet incipit n'est pas sans rappeler celui de Rousseau, dans la mise en scène de vérité, de mise à nu. On remarque d'autre part le motif de la photo, prétexte à l'introspection rétrospective (motif qui est d'ailleurs repris chez Ernaux comme leit-motiv à son autobiographie). Enfin, on peut également noter l'importance accordé aux détails, et notamment aux « meubles laqués de blancs » qui, pour Danièle Sallenave, dans Castor de Guerre, sont l'image du commencement et ainsi déjà symbole d'in avenir littéraire ; elle est née sur une "page blanche". [...]
[...] Il est possible d'analyser comparativement les incipit des autobiographies de Beauvoir et de Delbo ; en effet, l'incipit d'une œuvre et a fortiori d'une autobiographie est souvent très révélatrice. L'ouverture des Mémoires est conforme aux codes classiques des autobiographies ; Beauvoir commence par raconter sa naissance, avec un goût pour la précision et la description : Je suis née à quatre heures du matin, le 9 janvier 1908, dans une chambre aux meubles laqués de blanc, qui donnait sur le boulevard Raspail. [...]
[...] Plus tard, dans l'essai, il précise les conditions à l'écriture autobiographique, et invente ainsi le « pacte autobiographique », c'est-à-dire qu'« il faut que l'auteur passe avec ses lecteurs un pacte, un contrat, qu'il leur raconte sa vie en détail, et rien que sa vie. ». Se dégagent alors les deux conditions sine qua none à l'écriture de soi, d'après Lejeune : l'introspection et l'engagement à dire la vérité. Il reviendra plus tard sur les termes stricts de sa définition, et notamment sur la question de la prose. Ainsi, l'œuvre de Simone de Beauvoir, Mémoire d'une jeune fille rangée, semble correspondre de prêt à la définition de Lejeune. [...]
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