[...] - La maladie, dans ce passage, n'est nommée qu'une fois (l. 27) ; ce sont des tournures passives qui signalent ses offensives : « mordu à l'estomac » et « secoué de frissons ». Ainsi, de l'extérieur, on assiste au combat impuissant d'un enfant contre un monstre invisible qui le ronge de l'intérieur.
[...] - Le passage constitue une véritable scène dans la mesure où plusieurs personnages spectateurs entourent un lit où se joue une lutte terrible entre un enfant et la maladie. On peut distinguer trois moments dans ce combat, marqués chaque fois par un assaut qui met en branle le corps et un répit qui correspond à son relâchement :
? de « qui se raidit brusquement » à « se détendit peu à peu ».
? de « se pliait à nouveau « « se détendit un peu ».
? enfin de « l'atteignit à nouveau pour la troisième fois à une pose de crucifié ».
- Si le mouvement est toujours le même, il s'intensifie pourtant au fur et à mesure, illustrant l'avancée du mal sur l'enfant. En effet, on observe une gradation dans l'intensité de la souffrance par les termes qui désignent la position du corps : d'abord il « se raidit », puis il « se pli[e] » et enfin il « se recroquevill[e] ». (...)
[...] - L'enfant est ici une allégorie de l'innocence. Il n'est jamais désigné par son nom mais seulement par des périphrases : enfant et d'« innocent : ce n'est pas juste un enfant, c'est le symbole de tous les innocents martyrs et sacrifiés. - Face à lui, le Mal semble n'avoir aucune limite, ce qui jette le doute sur l'existence de Dieu. Comment un Dieu bon et parfait pourrait-il laisser advenir les souffrances atroces d'un innocent ? Si la dénonciation n'est jamais explicite dans ce passage (le narrateur se contente d'en souligner le scandale), elle l'est un peu plus loin dans l'agonie, lorsque le cri inhumain de la souffrance recouvre la prière de Paneloux, finalement impuissante à empêcher la mort de l'enfant. [...]
[...] - Problématique : Comment nous est présentée l'agonie de cet enfant ? - Annonce du plan : Un mal dévastateur II) Une scène insoutenable et révoltante. Un mal dévastateur - Face à la violence des assauts de la maladie, l'enfant apparaît complètement démuni. On observe en effet son progressif amenuisement au fil du passage. Il commence par se creuser et 25) et c'est comme s'il se vidait peu à peu de sa substance : la sueur s'exhale de son corps ; sa chair [ . [...]
[...] - Le narrateur ne mentionne pas les émotions des personnages qui entourent l'enfant. Aucune parole n'est échangée et c'est par leurs gestes et leur regard que le lecteur comprend leur effroi. Rieux, comme en écho au raidissement du malade, serrait avec force la barre du lit ; Tarrou détourne les yeux au regard du médecin. De cette manière, le narrateur évite l'effusion et le pathétique : c'est la pudeur qui domine dans ce récit. Pas de vocabulaire des sentiments. - Toutefois, certains mots suggèrent la pitié du narrateur et à travers lui de l'assistance pour l'enfant : petit malade petit corps des adjectifs qui insistent sur la fragilité grêle frêle - Cette poignante agonie a une dimension religieuse, et n'est pas sans rappeler, par certains aspects, la mort de Jésus Christ. [...]
[...] - La dévoration n'est pas la seule image qui exprime l'emprise de la maladie. La métaphore filée de la tempête vent furieux souffles répétés bourrasque l'abandonner [ ] sur une grève humide et empoisonnée se transforme ensuite en métaphore de l'incendie flot brûlant épouvante de la flamme le brûlait paupières enflammées fondu L'enfant se trouve être au cœur d'un véritable cataclysme. Les différents éléments vent, eau et feu se déchaînent de façon démesurée sur leur victime. - On pourrait lire dans cette évocation de la peste, si l'on suit les déclarations de Camus lui-même, une représentation de la fureur guerrière qui s'abat sur l'Europe dans les années quarante : le lit dévasté n'évoque-t-il pas un champ de bataille ravagé ? [...]
[...] Lecture analytique L'agonie de l'enfant. 4e partie, 3e section, p. 233-234, de Le docteur serrait avec force la barre du lit à une pose de crucifié grotesque Introduction. - Camus (éléments biographiques + auteur engagé, etc.) - La Peste : - dates - documentation. - œuvre du cycle de la révolte. - œuvre qui développe une métaphore de la guerre - Rieux narrateur qui incarne l'humain selon Camus, etc. - Situation du passage : À la fin du mois d'octobre, la peste poursuit inlassablement ses ravages. [...]
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