Amours de Cassandre, Pierre de Ronsard, poésie, sonnet, Recueil des Nouvelles Poésies, Pétrarque, mythologie, amour, émotion, passion, métamorphose, féminité, femme
Ce sonnet a été publié d'abord dans le Recueil des Nouvelles Poésies, en 1564, chez Gabriel Buon. Il clôt alors le troisième et dernier livre de ce recueil. Il est intégré plus tard au Premier Livre des Amours, « les Amours de Cassandre » (sonnet LXXXII). Dans son commentaire des Amours, Muret écrivait : « Il appert par ce sonnet et plusieurs autres qu'ils ne sont pas tous faits pour Cassandre, mais pour d'autres qu'il a aimées. »
L'homme pris à témoin, au premier vers, est Pierre de Paschal (1522-1565), un humaniste, historiographe du roi Henri II à partir de 1554, un ami de Ronsard.
La femme célébrée est Isabeau de Limeuil, maîtresse de Louis de Bourbon, prince de Condé, célèbre pour sa très grande beauté. Il est probable que Ronsard écrive pour lui.
[...] Un premier bouleversement, en apparence fâcheux, se produit. Mais le second hémistiche initie une métamorphose heureuse. Bien loin d'être voué à la mort, le poète connaît un sentiment de félicité. Cette impression subjective (« me semble ») est celle d'une élévation, indiquée par le complément circonstanciel de lieu (« au cieux »). « Je suis ravi, assis entre les Dieux, » Le verbe au passif « ravir » a une double valeur. Il s'agit d'un transport vers le ciel (sens concret) et d'une extase (d'un ravissement). [...]
[...] Le premier tercet déplore que cette présence soit rare, le second revient à la présence de la femme, qui le métamorphose, cette fois, de façon malheureuse. L'accent est mis sur l'amant : il s'agit de dire l'effet produit sur lui par l'amour qu'il porte à cette très belle femme. Il s'agit d'un sonnet en décasyllabes, régulier, qui fait alterner rimes féminines et rimes masculines. Leur disposition est dite à la française (ou marotique (ABBA, ABBE, CCD, EED). Le sonnet est composé de deux parties : I ~ VISION ET BONHEUR DIVIN (les quatrains) II ~ UN AMOUR MALHEUREUX (les tercets) Vision et bonheur divin Vision « Je meurs, Paschal, quand je la vois si belle, » Par sa coupe irrégulière au lieu de le premier vers met en valeur le verbe « mourir », utilisée de façon métaphorique et hyperbolique. [...]
[...] La mythologie n'est pas chez Ronsard un simple ornement, elle est active. « Qui m'a blessé d'une flèche nouvelle. » Aussi est-il naturel de voir Cupidon en action, utilisant son arc : les tirs sont renouvelés (« nouvelle »). Bonheur divin « Je n'ai ni sang, ni veine, ni moelle, » Les substantifs utilisés (« sang », « veine », « moelle »), qui, sur un rythme ternaire, renvoient à l'anatomie semblent décrire les conséquences physiques entraînées par la flèche du petit dieu. [...]
[...] Face à la beauté qu'incarne à merveille Isabeau de Limeuil (sans qu'aucun détail ne soit pourtant donné), le poète connaît un bonheur éphémère, car il est obligé de s'en éloigner. Mais il ne réussit pas toujours à inverser la douleur, occasionnée par les flèches de Cupidon, en extase. Isabelle est alors semblable à Cassandre (Salviati) car elle est dotée du terrible pouvoir de Méduse. Mais s'il est pétrifié, le poète n'en perd pas pour autant sa capacité à écrire l'amour. [...]
[...] Avec la modalité déontique (« il faut ») c'est la fatalité de la séparation (« que je m'absente ») qui est évoquée. Regard et métamorphose « De sa beauté dont je n'ose approcher, » Le jeu entre la présence et l'absence continue (« approcher »). On revient aux moments où le poète peut contempler la jeune femme : le substantif « beauté » fait écho aux adjectifs « belle » (v. et « beau » (v. 2). Mais la crainte (« je n'ose ») remplace maintenant l'éblouissement. [...]
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