"Comme on voit sur la branche" est un sonnet, et plus particulièrement le quatrième poème de la deuxième partie du recueil "Les Amours de Marie", publié en 1578. Il rend hommage à un amour de jeunesse du poète, Marie Dupin. On remarque que ce sonnet se structure autour de deux mouvements, le premier avec les trois premières strophes le deuxième se limitant avec la dernière.
L‘ensemble du poème lui se base sur une comparaison constante qui lie la femme aimée avec la rose. Ronsard fait donc référence à la mort de Marie tout en montrant que les hommes sont soumis aux mêmes lois que la nature. La structure du poème repose entièrement sur une comparaison entre la rose et la femme, ce qui met en valeur l'identité profonde qui existe entre elles. Ainsi, les deux quatrains sont consacrés à une description de la rose, évoquant sa naissance, son épanouissement, puis son flétrissement et sa mort, c'est-à-dire le cycle de la vie de la fleur.
[...] Enfin si le poète se lamente avec retenue, sans recourir aux exclamations, aux hyperboles, il donne à sa plainte, une forme de musicalité : ainsi, le sonnet n'utilise que trois rimes, ose eur et té selon un schéma très inhabituel pour l'époque (ABBA ABBA CCA BBA Les mêmes sons reviennent donc constamment et ceci est encore accentué par l'allitération en r quasi omniprésente. Voilà entre autres qui montre que le poète éprouve un chagrin lancinant, qu'il est sans cesse tourmenté par la douleur du deuil. L'immortalité Mais le sonnet n'a pas pour seule vocation d'évoquer la plainte du poète. [...]
[...] Le poète nous dit ainsi que la fleur séduit par sa vive couleur ce qui relève du sens de la vue, et par son odeur ce qui relève du sens de l'odorat. En fait, Ronsard a choisi la rose pour sa valeur symbolique : la reine des fleurs représente la plus belle des femmes, car toutes deux figurent avec évidence la grâce et l' amour elles inspirent naturellement l'Amour. Finalement, elles rivalisent avec l'éclat des éléments naturels : la rose éclipse le ciel jaloux de sa vive couleur la femme aimée est placée au centre de l'univers et admirée de la terre et ciel [qui] honoraient beauté (v.10). [...]
[...] La fleur et la femme aimée subissent donc le même sort, elles sont condamnées à mourir, comme le marque le champ lexical de la mort : meurt tuée cendres tu reposes obsèques mort Mais c'est une mort naturelle, qui est dans l'ordre normal de la nature, dans le cycle normal de la vie, même si Ronsard nous les présente toutes deux comme des victimes. La rose périt à cause d'éléments naturels, la pluie et l' ardeur mais n'était-ce pas son destin naturel de fleur ? De même Marie du destin de la Parque, mais dans la mythologie grecque, cette divinité n'agit pas par quelconque vengeance, elle symbolise simplement le fait que la vie se termine naturellement par la mort. [...]
[...] Et le nom roses est au pluriel, peut-être pour marquer que c'est cette multiplication infinie qui permet d'échapper à la mort. Le poète a donc trouvé dans ce sonnet le moyen d'exprimer sa souffrance, et en même temps de combattre, de nier, la mort et la fuite du temps, et aussi d'affirmer le pouvoir de la poésie, capable de conférer l'immortalité. L'image de la rose, sur laquelle est intégralement fondé le sonnet permet en définitive à Ronsard d'évoquer la beauté de la femme aimée, de composer son éloge, et à la fois de rappeler que toute beauté est éphémère. [...]
[...] A cette anecdote de portée apparemment générale comme le souligne l'utilisation du pronom personnel on succèdent deux tercets qui s'adressent à la femme aimée, elle aussi disparue. Les deux parties du poème sont intimement liées par l'utilisation de la conjonction comme qui amorce la comparaison, et de la conjonction de coordination ainsi qui explicite au début du premier tercet, c'est-à-dire à la charnière du sonnet, la comparaison qui est établie entre la rose et Marie. Et c'est le dernier vers de ce premier tercet La Parque t'a tuée, et cendres tu reposes qui explique véritablement la ressemblance entre elles deux : la mort a tué Marie comme la pluie et la chaleur ont tué la rose. [...]
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