Dans Les Amours, Ovide s'essaie au genre élégiaque ; il y prône un amour libre, plus proche du libertinage que de la pure passion amoureuse, avec comme figure centrale Corinne, sa muse. Les chapitres deux et trois du Livre deux du recueil illustrent d'une certaine façon le thème de la conquête et de la rhétorique amoureuse très présent dans l'élégie ovidienne. Dans le contexte de ces deux chapitres, le narrateur se heurte à la protection d'une jeune femme par un esclave au service de son maître jaloux et amant de celle-ci. L'amour frustré ici par la vigilance de ce gardien s'en trouve davantage amplifié et c'est sous la forme d'une missive que le narrateur tentera de convaincre l'esclave de relâcher ses liens sur la jeune femme.
[...] Toutefois, ces jeux d'ententes et de persuasion, malgré leurs caractères plus ou moins scandaleux, sont à mettre sous le registre des tractations d'un amour adultère et secret que sous le compte d'un discours volontairement manipulateur. Cependant, une autre perspective, cette fois politique, semble se dégager de ces chapitres. La dimension politique est un thème récurrent dans les élégies ovidiennes. En effet la vie d'Ovide se termine dans l'exil suite à des différends avec l'empereur Auguste. Sous le règne d'Auguste, l'empereur valorisa un retour soutenu des valeurs familiales et traditionnelles romaines centrées autour du mariage et du travail agricole. [...]
[...] Le ton est clair et l'imagerie utilisée par le narrateur se veut menaçante. De plus, l'utilisation de références mythologiques et notamment d'épisodes de mort ou de châtiment visant directement l'esclave témoigne à la fois d'une certaine culture et d'un talent oratoire du narrateur, mais également de la volonté de celui-ci d'impressionner l'esclave. Nasons apporte également à l'esclave les conseils nécessaires pour bien servir sa maîtresse anticipant ainsi les soupçons de l'époux ou les situations litigieuses. La multiplication de questions rhétoriques comme Arrive-t-il un inconnu ? ou encore tu crains d'être complice ? [...]
[...] Le deuxième quant à lui décrit l'amour comme une sorte d'aliénation de l'autre et de soi. Comme nous l'avons, l'élégie sert l'argumentation du narrateur, elle tente de toucher la sensibilité de l'esclave. Toutefois, la deuxième missive du narrateur suppose un échec de l'élégie dans sa première tentative. La rupture entre le chapitre 2 et 3 est sensible tout d'abord sur la différence de volume entre ces deux chapitres. Alors que le chapitre 2 est plus long et plus argumenté, le chapitre 3 tend plus vers la supplication et la tentative désespérées de convaincre une dernière fois l'esclave. [...]
[...] Ainsi, la maîtresse devient la prisonnière de son propre esclave. Cette inversion des rôles toutefois singulière est orchestrée par l'époux jaloux jugé irraisonnable par le narrateur son ami non plus n'est pas raisonnable Ici l'esclave est d'une certaine façon instrumentalisée et incarne le joug de l'époux sur les libertés de la jeune femme ; la crainte devient son arme principale alors que le narrateur lui se distingue par sa rhétorique mise en pratique dans cette missive. Une autre caractéristique cependant est attribuée à l'esclave ; celui-ci serait en effet un eunuque toi qui n'est ni homme, ni femme L'auteur par cette remarque met l'accent sur l'asexualité de ce personnage renforçant de cette façon son rôle d'instrument du pouvoir. [...]
[...] ) tourné en direction de l'esclave. Le narrateur également force l'esclave à mentir et à tromper son maître tu peux fermer les yeux dans ses propres intérêts dissimulés par la promesse d'une liberté prochaine. Il lui dispense toutes sortes de conseils et de procédés de manipulation visant l'époux, mais également la jeune femme Consens à être son complice et voilà ta maîtresse qui devient l'obligée de son esclave ; ces procédés ne sont pas sans rappeler ceux de Dipsas Chapitre 8 Le narrateur paraît alors davantage égoïste ne pensant qu'à son plaisir personnel au détriment de son amante ; il expose alors à l'esclave les façons d'obtenir de l'influence où l'esclave par la force de son secret et le chantage tiendrait sous contrôle sa maîtresse. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture