Quand en 1552, Ronsard publie pour la première fois un recueil de poésie amoureuse, "Les Amours de Cassandre", il obéit à ce qui fait figure en France d'engouement pour une nouveauté : la découverte de Pétrarque, qui transforme l'amant poète en un véritable mythe littéraire, est associée à l'admiration que les Français éprouvent alors pour la civilisation italienne renaissante.
Francesco Petrarca, poète italien du XIVe siècle, considéré a posteriori comme un précurseur de la Renaissance italienne, a donné naissance à un mouvement littéraire qui perdura pendant plusieurs siècles, et dans plusieurs pays, fondé sur l'imitation de son recueil amoureux, le Canzoniere. Ronsard intègre donc son œuvre dans une continuité historique connue de ses contemporains.
Il invite son lecteur à lire "Les Amours" à la lumière de l'œuvre modèle et en contraste avec elle. Et la référence à ce canon est toujours implicite quand il écrit. Le choix des formes, des thèmes et des figures s'en ressent. Les Amours manifestent les conceptions poétiques d'une époque fortement héritière du passé.
Ce commentaire aura pour but de montrer comment les poètes français de la Renaissance, à travers l'influence italienne de Pétrarque, font de la femme une créature complexe : à la fois ange et démon.
[...] Conclusion On a donc vu à travers ce commentaire que les poètes français de la Renaissance, héritiers de Pétrarque, font de la femme leur sujet de prédilection. Ils dépeignent un amour tourmenté et absolu pour une femme mi- ange mi-démon, qui blesse de par sa froideur, mais qui ravie de par sa beauté, tant physique que morale. La femme, en définitive, tient peu de place dans la poésie amoureuse. Stéréotype codifié, elle y est prétexte à une délectation esthétique, au jeu de l'idéalisation et de la sensualité dans l'exaltation de la beauté. [...]
[...] Enfin en 1548, Vasquin Filieul publie en traduction française de la première partie du Canzoniere de Pétrarque, complétée dans une deuxième édition en 1555. Quelques années auparavant, le poète lyonnais Maurice Scève avait soi-disant découvert le tombeau de Laure à l'église des Cordeliers d'Avignon. Ce que tout le monde prend alors pour une découverte archéologique de premier ordre relance la mode du pétrarquisme. Le roi François Ier se rend même sur le tombeau pour y déposer en hommage un sonnet de sa composition. Surtout, cette découverte ancre solidement le recueil de Pétrarque dans une réalité biographique, historiquement vérifiée. [...]
[...] C'est Dieu, assimilé aussi à la lumière du soleil, qui suscite le désir qu'ont les âmes, perdues dans la matière, de quitter, le monde pour le rejoindre et s'unir à lui : L'intelligence en effet se tourne vers Dieu de la même manière que l'œil se tourne vers la lumière du soleil [ C'est aussi parce qu'il était d'abord obscur [ ] que l'œil aime la lumière dès qu'il la voit. Saisis par ce désir insatiable, les hommes arrivent peu à peu à la contemplation de Vrai Bien, guidés par une inspiration divine, ou fureur. Or la poésie et l'amour sont tous deux une forme de fureur. [...]
[...] Puis dans un second temps, nous nous arrêterons sur la célébration de la femme aimée faite par le poète. I La femme : figure omnipotente et diabolique L'abondance des recueils consacrés au thème de l'amour, du titre même des Amours dans la poésie de la Renaissance, montre assez que le Canzoniere est un exercice littéraire à la mode auquel tout poète, grand ou médiocre, s'est cru obligé de sacrifier. Que la femme célébrée n'y soit guère présente, on l'admet sans peine lorsque le poète chante les amours de ses Mécènes ou s'adresse à une dame fictive. [...]
[...] Elle sert de guide, elle indique le chemin à suivre pour parvenir à un lieu qui existe. C'est l'inspiratrice que le poète révère comme une divinité. Du Bellay fait allusion dans ce sonnet au mythe de la caverne, où Platon illustre sa façon de concevoir l'existence humaine comme une épreuve destinée à faire progresser la partie spirituelle de l'être humain à travers une succession de réincarnation : après la mort, l'âme délivrée des liens corporels s'élève dans le monde des idées et les contemple. [...]
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