Commentaire du poème "En Bateau" de Paul Verlaine. Comment Verlaine, dans ce poème, en mêlant et condensant le décentrement du sujet lyrique, la mythologie, la trivialité, nous fait-il entrer dans un rêve amer où l'amour est perçu comme un artifice ?
[...] Enfin, le troisième vers ajoute un caractère trivial et une connotation très érotique mes deux mains partout Le dernier mot désormais peut engendrer quelques suggestions par rapport à l'identification du locuteur. En effet, il peut s'agir du pilote qui, après avoir chercher un briquet dans sa culotte désire caresser le corps d'autrui. Ou cela peut-être, l'étoile du berger, symbole de la féminité, qui désormais n'hésite plus, ne berce plus et vit le plaisir, agit délaissant rêves et manipulations. Le troisième mouvement laisse place aux personnages embarqués sur le bateau, emportés dans le rêve. [...]
[...] Rien ne dure, tout est éphémère. Le quatrième tercet semble venir en opposition avec le troisième. En effet, le personnage de l'abbé est fidèle à ses choix ; toutefois au vers deux, on le qualifie de déréglé Il est à l'écoute d'Eglé, personnage représentant également un amour impossible. Verlaine semble parler, ici, de la confession comme moyen d'expression et en cela un moyen de se connaître. Ce n'est qu'un artifice pour parvenir à la liberté. L'abbé est le seul à pouvoir rêver sur ce bateau. [...]
[...] Toutefois, dans ce rêve, il ne respecte pas sa mission, il gratte sa guitare Son existence est moins audacieuse Le personnage de Chloris, nymphe des îles fortunées aimée par Zéphir qui la ravit et en fit son épouse, la conservant dans l'éclat de la jeunesse et lui donnant l'empire des fleurs, peut rappeler l'analogie femme-fleur chère à Baudelaire. Ce personnage est donc, ici, l'ennemie d'Atys étant une femme. Lui étant chevalier manque à son devoir en ne la tuant pas. Néanmoins, l'œillade scélérate ajoute une nouvelle équivoque. Est-ce une œillade assassine ? Le chevalier est alors un homme rêvant d'ordre mais n'assumant pas dans la réalité. Ou est-ce une œillade amoureuse ? [...]
[...] Nous imaginons le bateau s'éloigner avec vivacité comme si nous étions devant un tableau. Puis, enfin, apparaît le mot rêve qui ponctue ce voyage. Un voyage en bateau dont le lecteur a pris part, Verlaine l'a, ensuite, laissé en chemin après avoir partagé ce rêve désillusionné. A travers le décentrement du sujet lyrique, les mythes qui se croisent Verlaine nous laisse percevoir, sous un clair de lune, son ton désabusé. Dans un décor marin, nous retrouvons toute l'ironie de Verlaine sur les amants à la recherche d'un eldorado amoureux. [...]
[...] Cette atmosphère est renforcée car l'étoile du berger correspond à la planète Vénus. Le poème est donc placé immédiatement sous le signe de l'amour et semble instaurer un écho important avec le poème précédent ; ici, la déesse de l'amour est directement présente. De plus, le verbe tremblote introduit l'image de l'équivoque, de l'hésitation mais principalement une image érotique : il rime avec culotte En outre, l'expression chercher un briquet était argotique à l'époque ; un briquet désignait le sexe masculin. [...]
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